130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Femmes, Philippe Sollers

Philippe Sollers a ceci de commun avec Charles Dumont et les dragées Fuca qu’il existe toujours et depuis longtemps, sans avoir connu de récent retour de hype pour autant. Pourquoi diable s’infliger en 2019 les 667 pages de Femmes, que l’intéressé considère comme le magnum opus de sa prolifique carrière de romancier et essayiste ? « Deux mesures de temps à perdre et une de pur snobisme, relevées d’un trait de perversité » constitue une réponse acceptable. Il convient cependant de nuancer : mon histoire avec Sollers date du temps de sa splendeur, le milieu des années 80, lorsque son Portrait du joueur traînait dans la chambre de mes parents. De quoi piquer ma curiosité. Si j’admets avoir mis moins de temps à expérimenter d’autres « lectures de grands » repérées sur les mêmes tables de nuit – SAS et San Antonio en tête -, j’ai fini par chiper ledit Folio pour m’en faire une idée. Le bouquin chapardé est toujours dans ma bibliothèque, bien que l’on en fût restés loin du coup de foudre, Philou et moi.

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La petite femelle, Philippe Jaenada

Lorsqu’il apparaît dans votre champ de vision, Philippe Jaenada y impose une présence d’ogre de village croisé Rapetou, tête ronde au cheveu ras et aux sourcils épais posée sur un menhir drapé de noir. Surnommé « Boit-sans-soif » au sein d’une fine équipe dite des « descendeurs de Ménilmontant », lui-même rappelle à l’envi que le remplissage régulier d’un pareil fût relève du tour de force, mais aussi de la nécessité. L’incipit de La petite femelle est clair sur ce dernier point : « Je suis comme les bébés, quand la nuit tombe, j’ai besoin d’un whisky » (Bien que plus porté sur le raisin fermenté que sur le malt, j’estime disposer de quoi comprendre parfaitement ce dont il parle (Ce n’est pas notre unique point commun, puisque j’ai moi aussi vu le jour à Saint-Germain-en-Laye, 10 ans après lui (À supposer qu’il soit également né à l’hôpital public, notre caste est vouée à l’extinction, puisque la maternité en question a fermé en 2006))). Considérez les trois digressions gigognes qui précèdent comme une tentative d’illustration d’une autre caractéristique du bonhomme : il aime digresser.

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Us, Jordan Peele

Trop de bonnes fées s’étaient penchées sur Get out, le premier film de Jordan Peele, pour ne pas nourrir quelque appréhension pour son deuxième opus Us, résolument positionné sur le même créneau de l’horreur contemporaine à fort arrière-plan sociétal. Get out avait du style, une distribution irréprochable, autant d’ironie que de poil à gratter, une bonne dose de malice et de vraies difficultés à boucler son récit à un niveau conforme aux attentes suscitées par les trois premiers quarts du film. Plus ambitieux dans le propos comme dans la structure, Us surpasse presque en tout point son glorieux prédécesseur.

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Le contrat, Donald Westlake

Avec plus d’une centaine de romans publiés, Donald Westlake connaissait les beautés et les vilénies ordinaires du monde de l’écriture. Prolifique au point d’être soupçonné d’avoir recours à des prête-plume, il dut adopter quantité de pseudonymes, selon les héros et registres exploités. S’il est fameux pour avoir crée l’impitoyable Parker et le désopilant Dortmunder, personnages récurrents de ses séries de polars les plus profuses, Westlake s’est aussi frotté au roman d’aventures – lisez Kahawa -, à la chronique de moeurs mélancolique – jetez-vous sur Ordo, Adios Schéhérazade et Mémoire morte – et à la satire sociale à la sulfateuse, dont le plus formidable représentant est Le couperet, adapté au cinéma par Costa Gavras. C’est à cette dernière catégorie qu’appartient Le contrat, roman pervers se déroulant dans le milieu de l’édition new-yorkaise du début des années 2000.

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Partiellement nuageux et Cour Nord, Antoine Choplin

Quitte à reprendre du dessert, un sorbet prévient plus sûrement l'écoeurement qu'une nouvelle part de Forêt noire épaisse comme la Bible. Même l'inconditionnel que je suis des empilements dantesques de génoise, Chantilly et cerises au kirsch en conviendra. Après s'être régalé d'un massif roman choral américain, gorgé de personnages et de rebondissements  sur plusieurs décennies, lire Antoine Choplin est un ravissement.