130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Une flèche dans la tête, Michel Embareck

Pour écrire les 113 – légères – pages d’Une flèche dans la la tête, il a fallu du temps. Sans doute plus que pour publier les 1572 de Guerre et Paix. Déjà, le style ne trompe pas. Un mélange d’oralité, de registre soutenu et d’argot surrané à la sonorité unique. Le genre d’agrégat d’une infinie richesse qui met des lustres à s’ajuster en une langue personnelle, évidente et sûre d’elle, dont aucune des nombreuses ruptures et aspérités ne vient pourtant troubler l’harmonie d’ensemble. Une langue dont on sait qu’on est bien dedans avant de pouvoir dire pourquoi.

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Au dîner des gens pressés

Exceptionnel d’intensité, le débat intérieur qui m’agita à l’heure de décider si j’irais ou non au dîner secret en blanc de ce jeudi 13 juin se concentra presque exclusivement sur la question du pantalon. N’étant ni steward de croisière Costa, ni le jeune Massimo Gargia, le port d’un futal blanc me semblait relever de la faute de carre absolue. Et pourquoi ne pas le choisir en cuir ? Sans déconner.

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Et quelquefois j'ai comme une grande idée, Ken Kesey

Si l’essentiel des 894 pages d’Et quelquefois j’ai comme une grande idée consiste en une immersion dans la psyché des Stamper, famille de bûcherons établie à Wakonda (Oregon), le lecteur en apprendra presque autant sur le clan en se tenant aux seules descriptions de la demeure familiale. Depuis longtemps, les habitants des environs ont pris soin d’éloigner leur logis des bras de la rivière éponyme, dont l’inexorable érosion des berges conduit fatalement à la voir emporter toute construction à sa portée. Mais ce serait mal connaître ces têtes de pioches de Stamper que de les croire intimidés par un stupide cours d’eau.

Aussi s’emploient-ils quotidiennement à renforcer le fatras de poutres, câbles, cailloux et traverses sur lequel repose leur grande baraque de bois, remplie jusqu’à la gueule d’un fameux bric-à-brac. Depuis que l’ancêtre Jonas a quitté le Kansas pour l’Oregon, cèdant une dernière fois à l’appel du grand Ouest avant d’en repartir vaincu par la nature hostile, ses descendants ont décidé qu’ils ne cèderaient jamais plus le moindre pouce de terrain aux hommes ou aux rivières.

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Roland Garros 2019 : Nadal – Federer ou la saveur de l’inéluctable

On est en juin 2005, et le Tour de France s’apprête à vivre une dernière édition sous la chappe de malhonnêteté clinique imposée par Lance Armstrong. L’Olympique Lyonnais a dominé la Ligue 1 une quatrième année de rang. Le monde n’a pas perdu une miette de l’agonie de Jean-Paul II. Nicolas Sarkozy va faire du Ministère de l’Intérieur son tremplin vers l’Elysée, alors que s’étire l’inutile fin de règne de Jacques Chirac. Des légions de fans fébriles attendent le pénultième tome des aventures d’Harry Potter. Et le nouveau roi du tennis va réclamer son dû...

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Le point de vue du lecteur : faut-il brûler la saison 8 de Game of Thrones ?

George RR Martin l’avait promis à ses fans depuis bien longtemps : la fin de sa saga A song of Ice and Fire, entamée en 1996 puis adaptée à l’écran sous le titre de Game of Thrones, serait « douce-amère ». Le barbu de Santa Fe à l’inamovible casquette de marin n’est certes pas connu pour son goût de la félicité pure et parfaite. On sait qu’il révéla la conclusion de son magnum opus inachevé aux producteurs David Weiss et David Benioff, lesquels, dès la saison 3 de la série, interpelèrent le spectateur par la voix de l’ignoble Ramsay Bolton : « Si tu penses qu’il y a un happy end à tout ça, c’est que tu n’as pas fait attention. » En bref : on savait que ça piquerait. Voire, on avait signé pour : survenue dès le neuvième épisode, c’est bien la plus fameuse décollation de l’Histoire de la télévision, pour choquante qu’elle fût, qui fit de Game of Thrones un phénomène planétaire.

Tout amateur d’asperges en conviendra : il est des amers succulents. Encore faut-il une préparation à la hauteur. Or, depuis le début de la saison 8, de nombreux fans et critiques se plaignent, au point d’en réclamer la réécriture via une très commentée pétition en ligne. Les griefs portent-ils sur les événements eux-mêmes, la cohérence du scénario qui les enchaîne, ou la qualité d’ensemble des six épisodes ? Et surtout : faut-il vraiment brûler cette saison 8 ?