130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Le point de vue du lecteur : faut-il brûler la saison 8 de Game of Thrones ?

George RR Martin l’avait promis à ses fans depuis bien longtemps : la fin de sa saga A song of Ice and Fire, entamée en 1996 puis adaptée à l’écran sous le titre de Game of Thrones, serait « douce-amère ». Le barbu de Santa Fe à l’inamovible casquette de marin n’est certes pas connu pour son goût de la félicité pure et parfaite. On sait qu’il révéla la conclusion de son magnum opus inachevé aux producteurs David Weiss et David Benioff, lesquels, dès la saison 3 de la série, interpelèrent le spectateur par la voix de l’ignoble Ramsay Bolton : « Si tu penses qu’il y a un happy end à tout ça, c’est que tu n’as pas fait attention. » En bref : on savait que ça piquerait. Voire, on avait signé pour : survenue dès le neuvième épisode, c’est bien la plus fameuse décollation de l’Histoire de la télévision, pour choquante qu’elle fût, qui fit de Game of Thrones un phénomène planétaire.

Tout amateur d’asperges en conviendra : il est des amers succulents. Encore faut-il une préparation à la hauteur. Or, depuis le début de la saison 8, de nombreux fans et critiques se plaignent, au point d’en réclamer la réécriture via une très commentée pétition en ligne. Les griefs portent-ils sur les événements eux-mêmes, la cohérence du scénario qui les enchaîne, ou la qualité d’ensemble des six épisodes ? Et surtout : faut-il vraiment brûler cette saison 8 ?

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White, Bret Easton Ellis

Quiconque se remémore la scène du rat d’American Psycho peut concevoir que son auteur Bret Easton Ellis entretienne un rapport délicat avec le politiquement correct. Avec un roman publié tous les 7 à 8 ans depuis Moins que zéro, l’homme est tout sauf un graphomane. Qu’il ait expressément repris la plume pour fustiger l’état actuel du débat public outre-Atlantique, usant cette fois de la « non-fiction », dit son immense exaspération du moment. L’auteur s’affirme libéral au sens américain du terme, sans pour autant avoir voté à la dernière élection présidentielle, mais c’est à l’encontre des progressistes revendiqués que se concentre l’essentiel de ses griefs. Presque trois décennies après la charge atrabilaire de Philippe Muray contre la bien-pensance triomphante des années Mitterrand, le White de Bret Easton Ellis sonne comme une transposition de L’empire du bien à l’Amérique côtière au temps de Twitter, de l’administration Trump, et de l’adaptation d’American Psycho en comédie musicale (!).

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État de nature, Jean-Baptiste de Froment

La jacquerie est à la mode. Avant même qu’elle ne fasse l’objet du plus long feuilleton hebdomadaire de notre Histoire politique, elle apparaissait dans plusieurs romans parus en ce début d’année, donc terminés plus tôt que l’acte I des Gilets Jaunes. On se rappelle bien sûr les éleveurs laitiers de Normandie poussés à l’irréparable par les quotas européens de Sérotonine. Il faut y ajouter le bon peuple de la Douvre évoqué dans État de nature. Jean-Pierre Barte, fondateur et dirigeant de « JPB Consulting », expert ès communication politique et néologismes de circonstance, est l’un des protagonistes de ce premier roman signé Jean-Baptiste de Froment. Le bougre aurait sans doute qualifié cette récente profusion de soulèvements paysans dans la fiction française de signal faible.

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Canelo - Jacobs : le plan était presque parfait

Canelo Alvarez a encore gagné. Il s’agit cette fois d’une troisième ceinture mondiale des poids moyens, en plus de son titre linéal. Après Gennady Golovkin, le rouquin mexicain a défié et battu le troisième homme fort de la catégorie, Danny « Miracle Man » Jacobs, au terme d’une partie d’échecs acharnée, à défaut d’un futur grand classique du genre. La boxe n’est pas qu’un défi viril entre seigneurs de la jungle. C’est aussi un sport où le plus malin a souvent le dernier mot.

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Entretien avec Catherine Locandro, auteure de Cassius

Le présent papier fera doublement date sur 130 livres. D’une part, il concerne un livre pour adolescents, bien que ses qualités d’écriture et de documentation en fassent un ouvrage recommandable à quiconque voudra se familiariser avec son formidable sujet. L’article est d’autre part accompagné d’un entretien avec l’auteure Catherine Locandro, la première interview de l’histoire de ce site. Qu’elle soit saluée pour la bienveillance avec laquelle elle essuya ces plâtres-là – dingue comme la conjugaison du verbe « édulcorer » devient impossible à prononcer pour peu que l’on souhaite avoir l’air sérieux sur Skype…

Cassius fait partie de la collection « Destins » d’Albin Michel Litt’, consacrée aux biographies romancées de figures historiques telles que Marie Curie, Simone Veil, ou bientôt Marilyn Monroe et la mathématicienne Katherine Johnson. Comme les autres volumes, Cassius constitue avant tout un récit d’apprentissage, où il est question du parcours du futur Mohammed Ali, de son enfance dans un Kentucky toujours marqué par la ségrégation raciale jusqu’à la conquête du titre mondial des poids lourds face à Sonny Liston en 1964. L’épilogue, qui évoque le dernier relais de la flamme olympique assuré par un Ali souffrant du syndrome de Parkinson en 1996 à Atlanta, est l’occasion de récapituler le reste de sa carrière professionnelle, ainsi que sa vie de personnage public une fois raccrochés les gants. Un lexique des principaux termes pugilistiques utilisés et une bibliographie accompagnent le récit de 343 pages.