130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Canelo - Jacobs : le plan était presque parfait

Canelo Alvarez a encore gagné. Il s’agit cette fois d’une troisième ceinture mondiale des poids moyens, en plus de son titre linéal. Après Gennady Golovkin, le rouquin mexicain a défié et battu le troisième homme fort de la catégorie, Danny « Miracle Man » Jacobs, au terme d’une partie d’échecs acharnée, à défaut d’un futur grand classique du genre. La boxe n’est pas qu’un défi viril entre seigneurs de la jungle. C’est aussi un sport où le plus malin a souvent le dernier mot.

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Entretien avec Catherine Locandro, auteure de Cassius

Le présent papier fera doublement date sur 130 livres. D’une part, il concerne un livre pour adolescents, bien que ses qualités d’écriture et de documentation en fassent un ouvrage recommandable à quiconque voudra se familiariser avec son formidable sujet. L’article est d’autre part accompagné d’un entretien avec l’auteure Catherine Locandro, la première interview de l’histoire de ce site. Qu’elle soit saluée pour la bienveillance avec laquelle elle essuya ces plâtres-là – dingue comme la conjugaison du verbe « édulcorer » devient impossible à prononcer pour peu que l’on souhaite avoir l’air sérieux sur Skype…

Cassius fait partie de la collection « Destins » d’Albin Michel Litt’, consacrée aux biographies romancées de figures historiques telles que Marie Curie, Simone Veil, ou bientôt Marilyn Monroe et la mathématicienne Katherine Johnson. Comme les autres volumes, Cassius constitue avant tout un récit d’apprentissage, où il est question du parcours du futur Mohammed Ali, de son enfance dans un Kentucky toujours marqué par la ségrégation raciale jusqu’à la conquête du titre mondial des poids lourds face à Sonny Liston en 1964. L’épilogue, qui évoque le dernier relais de la flamme olympique assuré par un Ali souffrant du syndrome de Parkinson en 1996 à Atlanta, est l’occasion de récapituler le reste de sa carrière professionnelle, ainsi que sa vie de personnage public une fois raccrochés les gants. Un lexique des principaux termes pugilistiques utilisés et une bibliographie accompagnent le récit de 343 pages.

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Un homme, Philip Roth

En 2005, je me suis précipité sur le Traité d’athéologie de Michel Onfray, alors disponible en Relais H. Jeune trentenaire aux prémices d’une réflexion sur sa propre finitude, j’imaginais que ce livre comblerait un vrai manque, mettant à la portée d’un esprit ni particulièrement vif, ni porté sur une philosophie trop exigeante de quoi préparer le néant dans une relative sérénité. Putain d’ambition, certes. Las, le bouquin s’avéra être une charge atrabilaire contre les trois grands monothéismes, et des philosophes des Lumières coupables de déisme sous des postures éclairées. Une franche déception, au point que j’hésitai à adresser une demande de remboursement à l’Université populaire de Caen.

Moins de deux ans plus tard, je n’ai pas lu dès sa sortie Un homme, de Philip Roth, en dépit de la puissante impression que m’avait laissée La tâche. Et quel benêt je fis.

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Pays perdu et La première pierre, Pierre Jourde

Sauf à tenir une rare espèce de pédophile négationniste, un auteur français qu’on voulut lyncher par deux fois pour ses écrits, aux sens propre et figuré du terme, mérite que l’on s’y intéresse de près. Le premier cas se présenta lorsque Pierre Jourde publia La littérature sans estomac, hilarant pamphlet brocardant quantité d’auteurs contemporains à succès, et des journalistes littéraires désormais pleinement intégrés au dispositif de promotion de l’industrie du livre. C’est parmi ces derniers qu’on eut la rancune la plus tenace, au point de toujours boycotter l’auteur dix-sept ans après les faits.

Le second mouvement d’une foule haineuse à son endroit aurait pu avoir des conséquences plus tragiques que quelques ronds dans l’eau du Landerneau germanopratin : Pierre Jourde et sa famille furent agressés, poursuivis et caillassés jusque dans leur voiture par une poignée d’habitants du village d’origine de son père. Le motif de cette vindicte s’intitule Pays perdu. Huit ans plus tard, l’auteur relata l’incident dans La première pierre, l’occasion pour lui de s’interroger sur la somme d’incompréhensions y ayant abouti. Quiconque se met à dos intellectuels parisiens et paysans cantalous avec une égale facilité présente en apparence un profil de sale bonhomme chimiquement pur. À moins que Jourde ne soit de l’étoffe raréfiée dont on fait les hommes intègres, plus sûrement coupables de maladresses que de compromissions. Autant se forger son propre avis sur la question.

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L'Albatros, Nicolas Houguet

Il me semble que ça date de mai 2016. Je venais de produire un pensum de 19000 signes sur un concert de hard rock, repris par un site web d’honorable réputation. Vérifiant compulsivement le compteur à « likes », je m’aperçus qu’un zozo avait laissé un commentaire. Trois ou quatre mots aimables, de surcroît. Qui diable laisse encore des commentaires sur un fanzine en ligne, en ces temps où chacun peut hurler à la face du monde l’infinie pertinence de son avis singulier, le tout en un seul clic ? On était donc en mai 2016, et Nicolas Houguet commençait déjà à me courir sur le haricot.