130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Us, Jordan Peele

Trop de bonnes fées s’étaient penchées sur Get out, le premier film de Jordan Peele, pour ne pas nourrir quelque appréhension pour son deuxième opus Us, résolument positionné sur le même créneau de l’horreur contemporaine à fort arrière-plan sociétal. Get out avait du style, une distribution irréprochable, autant d’ironie que de poil à gratter, une bonne dose de malice et de vraies difficultés à boucler son récit à un niveau conforme aux attentes suscitées par les trois premiers quarts du film. Plus ambitieux dans le propos comme dans la structure, Us surpasse presque en tout point son glorieux prédécesseur.

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Le contrat, Donald Westlake

Avec plus d’une centaine de romans publiés, Donald Westlake connaissait les beautés et les vilénies ordinaires du monde de l’écriture. Prolifique au point d’être soupçonné d’avoir recours à des prête-plume, il dut adopter quantité de pseudonymes, selon les héros et registres exploités. S’il est fameux pour avoir crée l’impitoyable Parker et le désopilant Dortmunder, personnages récurrents de ses séries de polars les plus profuses, Westlake s’est aussi frotté au roman d’aventures – lisez Kahawa -, à la chronique de moeurs mélancolique – jetez-vous sur Ordo, Adios Schéhérazade et Mémoire morte – et à la satire sociale à la sulfateuse, dont le plus formidable représentant est Le couperet, adapté au cinéma par Costa Gavras. C’est à cette dernière catégorie qu’appartient Le contrat, roman pervers se déroulant dans le milieu de l’édition new-yorkaise du début des années 2000.

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Partiellement nuageux et Cour Nord, Antoine Choplin

Quitte à reprendre du dessert, un sorbet prévient plus sûrement l'écoeurement qu'une nouvelle part de Forêt noire épaisse comme la Bible. Même l'inconditionnel que je suis des empilements dantesques de génoise, Chantilly et cerises au kirsch en conviendra. Après s'être régalé d'un massif roman choral américain, gorgé de personnages et de rebondissements  sur plusieurs décennies, lire Antoine Choplin est un ravissement.

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L'arbre monde, Richard Powers

Là où j’ai grandi, la végétation était un décor, taillé de si près qu’il me semblait artificiel. Devant la maison, une pelouse rase s’étendait de part et d’autre de l’allée de graviers. Sagement plantés le long de la haie, à intervales réguliers – seul un taillis, à droite de l’allée, faisait exception – quelques arbres étendaient de maigres ramages. Leur intérêt premier était de faire des cages de foot acceptables. Sous la fenêtre du salon, le massif de tulipes et de pensées, au motif régulier comme un formulaire Cerfa, n’aurait guère déparé sur un morne rond-point. De l’autre côté de la maison, un haut cerisier s’élevait, déplumé et solitaire, entre la 2CV et la R20 de mes parents. Une ouverture dans son tronc avait été colmatée avec du ciment. Le jardinier responsable de toute cette luxuriante féerie s’appelait – vraiment – Francisque Bataille.

(...)

Je vous imagine, à ce stade, remonter en tête du présent article pour vérifier son titre. Mais oui, les 426 mots qui précèdent ont tout à voir avec L’arbre monde, de Richard Powers, Grand Prix de littérature américaine 2018. Comme le répète Adam, personnage clé de ce roman choral de 533 pages, « Les meilleurs arguments du monde ne feront jamais changer d’avis. Pour ça, ce qu’il faut, c’est une bonne histoire ». Alors que, depuis des décennies, les preuves formelles des cataclysmes en cours sont agitées sous les yeux de toute personne dotée d’un cerveau qui fonctionne, elle garde de bonnes chances de s’en contrefoutre. Le génie de Richard Powers consiste donc à utiliser la forme romanesque là où la non-fiction a si longtemps échoué.

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Errol Spence Jr. vs Mikey Garcia : double bagel, goût BBQ

L’expression « bagel » désigne, en tennis, un set remporté sur le score sans appel de six jeux à zéro ; comme de juste, un « double bagel » s’utilise en cas de rouste mémorable – 6/0 6/0, pour ceux qui ont suivi. Selon cette logique, le succès d’Errol Spence Jr. sur Mikey Garcia, cette nuit à Arlington, est un double bagel unanime, puisqu’aucun des trois juges n’accorda le moindre round au challenger sur les 12 que compta le championnat du monde IBF des poids welters. Pire, Glenn Feldman, par son 120-107, estima qu’une reprise valait 10-8 pour Spence, un pointage rare en l’absence d’un knockdown. C’est dire à quel point Errol « The truth » Spence a survolé ce duel de texans invaincus.