130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

En cours de lecture

Irrécupérable, Lenny Bruce

L’an passé, Tristram a fait l’actualité de l’édition française en publiant une nouvelle traduction de L’île au trésor, et compte aussi dans son catalogue les chefs-d’oeuvre de Mark Twain. Mais la maison gersoise doit moins ma gratitude aux grands classiques américains qu’à ses perles sur la boxe – Fat city de Leonard Gardner, De la boxe de Joyce Carol Oates – ou à son goût pour les trésors de la contre-culture des années 60. Parmi ces derniers, l’essentiel des Gonzo Papers de l’inestimable Hunter S. Thompson, les poubelles d’Hollywood obligeamment fouillées par Kenneth Anger, les papiers sous acide du critique rock Lester Bangs, ou la toute première version française de l’autobiographie du comique Lenny Bruce, Irrécupérable.

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Eureka Street, Robert McLiam Wilson

Les détracteurs d’Hunter S. Thompson sentent l’eau de cuisson des Knackis et font mal l’amour. C’est en tout cas la façon dont je me les figurais dans un passé récent. Robert McLiam Wilson, dans l’un de ses papiers pour Charlie Hebdo, a laissé entendre qu’il n’aimait pas Hunter S. Thompson, ce dont j’avais déduit, presque désolé pour lui, que ses odeurs corporelles comme sa réputation d’amant devaient lui porter un sérieux préjudice. Seulement voilà : il a aussi écrit Eureka Street. Un de ces rares bouquins qui, une fois refermés, laissent imaginer leur auteur échevelé s’exclamer, tel un docteur Frankenstein à la fois fier et dépassé par la portée de sa création : « It’s alive ! It’s alive ! » Peut-être Robert McLiam Wilson est-il, après tout, une exception dans le triste cheptel des Thompsonophobes : on imagine mal pareil miracle pondu par un mal-baisant à l’épiderme qui pue le rance.

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Le Cherokee, Richard Morgiève

Laurent Chalumeau a le bon goût de dispenser ses conseils de lecture sur Facebook. C’est ciselé, et c’est Chalumeau, alors on lit et on prend des notes. Et quand le daron dit du bien d’un roman noir qui parle des States, là, c’est pas bien compliqué : on achète le bouquin. En l’occurrence, j’ai couru chercher Le Cherokee, de Richard Morgiève. Ça sonne français, Morgiève, parce que le monsieur l’est. Mais il doit avoir de la sauce A1 dans les veines, parce que son livre est plus ricain qu’un fumoir à viande qui aurait voté Trump. Au point, comme le dit Chalumeau, d’être écrit dans ce qui semble parfois être une approximative – donc subtile – traduction de l’anglais au français. Vous suivez ?

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Grâce à Dieu, François Ozon

Grâce à Dieu ou d’autres que lui, certains films sur de justes causes, que l’on a envie de soutenir, se défendent fort bien tout seuls. C’est le cas du dernier opus de François Ozon. Il emprunte à la tradition américaine de la « fiction d’actualité brûlante » pour aborder deux affaires judiciaires en cours : les faits d’agression sexuelle sur mineurs, des décennies durant, du Père Preynat, que l’intéressé n’a jamais niés, et leur non-dénonciation par l’Eglise, dont le désormais célèbre cardinal Barbarin.

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"Bangs !" of New York

Depuis leur création, l’Histoire des sports professionnels s’intrique avec celle des États-Unis, dont ils occupent une part considérable, voire déraisonnable, de la culture populaire. Et la boxe est peut-être celui qui reflète le plus fidèlement l’état de la société américaine à une époque donnée. Nat Fleischer, fondateur de Ring Magazine, situait précisément en 1933 le moment où la boxe toucha le fond. L’âge d’or pugilistique des Roaring twenties, celles de l’invention des retransmissions radiophoniques, des premiers combats à un million de dollars, et de la superstar Jack Dempsey, semble révolu depuis des lustres. La Grande Dépression n’a certes pas épargné la boxe : des recettes en berne, des salles qui se vident, une majorité de titres mondiaux non attribués, et le sacre d’un nouveau patron de la catégorie reine, le frustre géant Primo Carnera, aux fortes senteurs de corruption. Aux indécrottables pessimistes qui prétendent aujourd’hui que la boxe est morte, on recommandera vivement de s’intéresser à la période.

Le regain vient de New York, redevenue capitale du noble art après un exil vers la côte ouest, au gré d’une succession d’interdictions et rétablissements promulgués d’état en état. Dans la grande ville, on a faim comme partout ailleurs, et le glamour a déserté les gradins aux soirs des belles affiches. Mais le petit peuple des immigrés de fraîche date persiste à tirer honneur et fierté des exploits des champions issus de ses rangs. Alors que le marketing fait la part belle aux affrontements entre communautés, trois combattants incarnent l’élite des dernières catégories vraiment dignes d’intérêt, des légers aux welters : l’Italien Tony Canzoneri, le Juif-russe Barney Ross et l’Irlandais Jimmy McLarnin.