Les détracteurs d’Hunter S. Thompson sentent l’eau de cuisson des Knackis et font mal l’amour. C’est en tout cas la façon dont je me les figurais dans un passé récent. Robert McLiam Wilson, dans l’un de ses papiers pour Charlie Hebdo, a laissé entendre qu’il n’aimait pas Hunter S. Thompson, ce dont j’avais déduit, presque désolé pour lui, que ses odeurs corporelles comme sa réputation d’amant devaient lui porter un sérieux préjudice. Seulement voilà : il a aussi écrit Eureka Street. Un de ces rares bouquins qui, une fois refermés, laissent imaginer leur auteur échevelé s’exclamer, tel un docteur Frankenstein à la fois fier et dépassé par la portée de sa création : « It’s alive ! It’s alive ! » Peut-être Robert McLiam Wilson est-il, après tout, une exception dans le triste cheptel des Thompsonophobes : on imagine mal pareil miracle pondu par un mal-baisant à l’épiderme qui pue le rance.