130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Hellfest 2019, retour vers l'enfer - Partie 1

Puisque c’est ton second Hellfest, la question de savoir si tu as bien fait de venir, très prégnante l’an passé, n’est plus d’actualité. Tu sais désormais que ces trois jours du triptyque gros son – libations – régression assaisonneront douze mois de ton milieu de vie comme la ravigote enchante la tête de veau. D’ailleurs, cette fois, tu as pris les choses en main, histoire de ne plus être un putain de clandestin. Plus de viagogol à l’arrache, mais un pass acquis dans l’heure et demie suivant la mise en vente – 55 000 enragés en auront fait autant. Plus d’incruste dans une équipe déjà rodée, mais cinq autres salopards triés sur le volet, dont la plupart causaient déjà sidérurgie musicale avec toi en classe de seconde. Plus de première demi-journée carottée par les transports, mais une arrivée sur base la veille au soir. Autant dire que, cette fois, tu sais ce que tu fous là.

Non, le vrai débat, désormais, serait plutôt d’établir si tu es un touriste. Quelques précisions s’imposent ici. À lire sur la toile les comptes-rendus d’autres que toi, le touriste est unanimement fustigé, mais pullulerait chaque année un peu plus. Plutôt CSP+ que punk à chien, il viendrait surtout à Clisson en SUV Audi pour jouir de l’ambiance d’Oktoberfest vrombissante du festival – parfois même du haut des tribunes VIP honnies. Le bougre logerait ailleurs qu’au camping officiel, n’hésiterait pas à arborer des Tshirts blancs, bouderait l’essentiel des hurleurs satanistes à trognes et patronymes vikings, et s’enthousiasmerait pour les shows mollassons des vieilles gloires les plus inoffensives, soit la programmation des Mainstages passé 19 heures. Pire, par sa seule présence importune, chaque touriste priverait un authentique métalleux d’un séjour au Valhalla. ‘culés, va. Tu as beau ne plus être un bleubite, avoue qu’on pourrait hâtivement t’attribuer une ou deux – ou trois – caractéristiques de l’abject portrait-robot. L’angoisse t’étreint. Touriste, toi ? Tu as trois jours pour (te) prouver le contraire.

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Une flèche dans la tête, Michel Embareck

Pour écrire les 113 – légères – pages d’Une flèche dans la la tête, il a fallu du temps. Sans doute plus que pour publier les 1572 de Guerre et Paix. Déjà, le style ne trompe pas. Un mélange d’oralité, de registre soutenu et d’argot surrané à la sonorité unique. Le genre d’agrégat d’une infinie richesse qui met des lustres à s’ajuster en une langue personnelle, évidente et sûre d’elle, dont aucune des nombreuses ruptures et aspérités ne vient pourtant troubler l’harmonie d’ensemble. Une langue dont on sait qu’on est bien dedans avant de pouvoir dire pourquoi.

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Au dîner des gens pressés

Exceptionnel d’intensité, le débat intérieur qui m’agita à l’heure de décider si j’irais ou non au dîner secret en blanc de ce jeudi 13 juin se concentra presque exclusivement sur la question du pantalon. N’étant ni steward de croisière Costa, ni le jeune Massimo Gargia, le port d’un futal blanc me semblait relever de la faute de carre absolue. Et pourquoi ne pas le choisir en cuir ? Sans déconner.

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Et quelquefois j'ai comme une grande idée, Ken Kesey

Si l’essentiel des 894 pages d’Et quelquefois j’ai comme une grande idée consiste en une immersion dans la psyché des Stamper, famille de bûcherons établie à Wakonda (Oregon), le lecteur en apprendra presque autant sur le clan en se tenant aux seules descriptions de la demeure familiale. Depuis longtemps, les habitants des environs ont pris soin d’éloigner leur logis des bras de la rivière éponyme, dont l’inexorable érosion des berges conduit fatalement à la voir emporter toute construction à sa portée. Mais ce serait mal connaître ces têtes de pioches de Stamper que de les croire intimidés par un stupide cours d’eau.

Aussi s’emploient-ils quotidiennement à renforcer le fatras de poutres, câbles, cailloux et traverses sur lequel repose leur grande baraque de bois, remplie jusqu’à la gueule d’un fameux bric-à-brac. Depuis que l’ancêtre Jonas a quitté le Kansas pour l’Oregon, cèdant une dernière fois à l’appel du grand Ouest avant d’en repartir vaincu par la nature hostile, ses descendants ont décidé qu’ils ne cèderaient jamais plus le moindre pouce de terrain aux hommes ou aux rivières.

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Roland Garros 2019 : Nadal – Federer ou la saveur de l’inéluctable

On est en juin 2005, et le Tour de France s’apprête à vivre une dernière édition sous la chappe de malhonnêteté clinique imposée par Lance Armstrong. L’Olympique Lyonnais a dominé la Ligue 1 une quatrième année de rang. Le monde n’a pas perdu une miette de l’agonie de Jean-Paul II. Nicolas Sarkozy va faire du Ministère de l’Intérieur son tremplin vers l’Elysée, alors que s’étire l’inutile fin de règne de Jacques Chirac. Des légions de fans fébriles attendent le pénultième tome des aventures d’Harry Potter. Et le nouveau roi du tennis va réclamer son dû...