130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Vipères aux points - Partie 1

Et voilà, ça n’a pas manqué : après deux samedis de boxe illuminés par des têtes d’affiche à la hauteur des espérances, Spence vs Porter et Golovkin vs Derevyanchenko, conclus sur des décisions serrées, ce qui concentre l’essentiel des réactions est le débat sur les pointages des juges. Ils auraient lésé les outsiders vaincus Porter et Derevyanchenko, pourtant auteurs de performances de choix, victimes de sombres manipulations ourdies en coulisses par les grands argentiers du noble art que sont les promoteurs et diffuseurs de ces matchs. Désormais, le phénomène se répète peu ou prou à chaque combat vedette qui va jusqu’à la décision, occultant les discussions sur la qualité des combats eux-mêmes, les performances des protagonistes, et l’avenir qui leur est promis.

Alors oui, pour parler poliment, l’Histoire de la boxe n’est pas exempte de scandales. Et internet, caisse de résonnance idéale de la moindre théorie complotiste, se prête bien aux controverses sur les pointages. La toile permet à chacun de réagir dans l’instant à la moindre contrariété, dans l’illusion que sa propre voix fera avancer le schmilblick, et que le véritable résultat d’un combat serait issu d’une sorte de vaste sondage en ligne mêlant l’opinion des médias spécialisés (dans un esprit assez proche des newspaper decisions d’antan) et celle des millions de fans de boxe à travers le monde. Autrement dit, les règles de The Voice ou la Nouvelle Star appliquées au plus beau des sports. Au secours...

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Une assemblée de chacals, S. Craig Zahler

S. Craig Zahler est plus souvent comparé à Quentin Tarantino que Yoann Gourcuff fut appelé « le nouveau Zidane », et on lui souhaite de mieux soutenir la comparaison avec son illustre aîné sur le long terme. Sans s’attarder sur le groupe de black metal au sein duquel il sévit en tant que batteur, précisons que Zahler a écrit et réalisé des films de genre prisés par la critique dans lesquels il est question de western, de criminels, d’épouvante, de second degré et parfois même des quatre à la fois...

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Les saisons, Maurice Pons

Dans ce village de montagne hors du temps, tout au fond d’une vallée perdue, rien n’est plus incongru qu’un étranger. Voilà pourquoi Siméon en a fait sa destination. Sac au dos et sandales aux pieds, le voyageur solitaire fuit un passé indicible, qu’il lui faut pourtant raconter. Il en brûle, c’est pourquoi il sera écrivain. Le hameau est un lieu de retraite idéal pour créer ; mieux encore, sa réclusion absolue, loin de toute forme de culture ou de raffinement, convainc Siméon qu’il apportera à ses habitants de quoi s’élever enfin. À mesure qu’il noircira les rames du précieux papier qui sont sa seule richesse, la page blanche qu’est le village s’emplira de civilisation. Du moins est-ce son projet...

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Oh my Dio

Il fut un temps où le titre de champion du monde de boxe valait respect et admiration. Entraient invariablement dans la légende ceux qui étaient sacrés dans trois catégories de poids. Ronnie James Dio n’était pas un boxeur – le cas échéant, sans doute eût-il combattu en poids coqs -, mais il fit plus formidable encore : devenir le chanteur de trois groupes mythiques de l’Histoire du heavy metal.

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À l’état libre, Neel Mukherjee

A State of Freedom, titre original du troisième roman de Neel Mukherjee, suggère à la fois un pays dont les habitants sont libres, et un état des lieux de l’usage réel qu’ils font d’une telle liberté. Les protagonistes d’À l’état libre sont des êtres en mouvement, qu’ils partent chercher fortune, savoir et culture à l’étranger, ou quittent les campagnes dans l’espoir d’une vie décente pour eux et leur famille. La structure de ce roman choral, qui s’attarde tour à tour sur chacun d’entre eux et révèle peu à peu leurs connexions, suggère un corps social en effervescence, dont les composantes éminemment diverses – par leur religion, genre, caste, langue ou lieu de naissance – se télescopent sans cesse au gré de leurs migrations.

De quoi supposer que l’enjeu principal d’À l’état libre soit une tentative de définition de l’identité indienne, à une époque caractérisée par la mobilité, où l’individu serait de moins en moins défini par son terroir. Cette problématique est universelle ; dans le cas de l’Inde décrite par Neel Mukherjee, on observe – souvent avec effroi – des êtres réputés libres, mais oppressés conjointement par la pesanteur des traditions, les affres du déracinement et les mirages de la modernité.