La culture américaine de la démesure ne concerne pas seulement les voitures, les immeubles et les gobelets de boissons sucrées. Résoudre les grands problèmes du monde contemporain à coups de parpaings fictionnels de 1000 pages et plus est aussi une spécialité locale. De quoi effrayer les lecteurs à l’appétit d’oiseau, mais aussi ceux qui fuient les pensums où le roman n’est que prétexte au martelage d’un message politique pas toujours très subtil. C’est parce que j’ai lu et aimé L’arbre monde de Richard Powers que j’ai osé m’aventurer dans Le temps où nous chantions, du même auteur. Le premier, récompensé par le Prix Pulitzer 2019, traitait la question légere entre toutes de la catastrophe écologique en cours, tandis que le second abordait en 2003 le sujet tout aussi frivole de la race aux États-Unis. Il y a moins glissant...