130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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La frontière, Don Winslow

Einstein disait de la folie qu’elle consiste à refaire sans cesse les choses à l’identique, en escomptant chaque fois un résultat différent. Pour obstiné que soit Arturo dit « Art » Keller, ennemi juré des trafiquants de drogue mexicains, il est l’inverse d’un fou : joueur d’échecs patient, l’homme adapte sans cesse ses méthodes, sans en attendre de résultats décisifs pour autant. L’opinâtreté de Keller relève de l’inné ; son pessimisme, lui, est le fruit de quatre décennies passées à défier un adversaire invincible...

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La contrevie, de Philip Roth

À mesure qu’il découvre un auteur, le lecteur fidèle s’intéresse toujours plus à l’autoportrait qu’il recompose par bribes au fil de l’oeuvre romanesque. Le phénomène se vérifie d’autant plus aisément chez les aficionados de Philip Roth qu’ils disposent pour ce faire de la bagatelle de 26 romans, dont beaucoup mettent en scène de purs alter ego de l’écrivain. Le plus fameux est Nathan Zuckerman, romancier juif de Newark, New Jersey, qui partage avec Roth quantité d’obsessions et une causticité à la fois distante et rageuse, en plus de ses origine et profession. Il faut avoir lu quantité de bouquins du bonhomme pour s’apercevoir que La contrevie, qui met en scène le fameux Zuckerman, est sans doute l’un de ses plus personnels, si cette expression a un sens. Roth y utilise le truchement de son double fictionnel pour explorer un thème bien particulier : sa propre existence d’écrivain.

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La Rive gauche bouge encore un peu

On dit qu’il n’y a plus de Rive gauche, mais je rentre d’une soirée d’hommage à un écrivain où l’on s’est mis sur la gueule au sens propre. Avouons qu’en 2019, on fait moins rock n’roll.

Il faut dire qu’à 83 piges, celui qui se qualifia lui-même d’archange aux pieds fourchus n’en est pas exactement à sa première polémique. Il s’agit de l’ineffable Gabriel Matzneff, toujours splendide et rectiligne en blazer bleu marine, pochette écarlate et chevalière lustrée de frais, drainant dans l’absintherie de la rue du Cardinal Lemoine aux murs de pierre brute un aréopage hétéroclite de vieux et moins vieux, dont force messieurs solitaires et demoiselles en toilettes surannées. Ultime pied de nez à la modernité, celle qui s’assit face à moi était armée d’un appareil argentique.

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Vipères aux points - Partie 2

Après avoir revu les principes et paradoxes de l’attribution d’une victoire aux points dans la Partie 1 , voici maintenant les cas d’application : une relecture des décisions controversées les plus récentes, en s’efforçant à chaque fois d’évaluer la cohérence des trois juges. Discussions garanties…

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Vipères aux points - Partie 1

Et voilà, ça n’a pas manqué : après deux samedis de boxe illuminés par des têtes d’affiche à la hauteur des espérances, Spence vs Porter et Golovkin vs Derevyanchenko, conclus sur des décisions serrées, ce qui concentre l’essentiel des réactions est le débat sur les pointages des juges. Ils auraient lésé les outsiders vaincus Porter et Derevyanchenko, pourtant auteurs de performances de choix, victimes de sombres manipulations ourdies en coulisses par les grands argentiers du noble art que sont les promoteurs et diffuseurs de ces matchs. Désormais, le phénomène se répète peu ou prou à chaque combat vedette qui va jusqu’à la décision, occultant les discussions sur la qualité des combats eux-mêmes, les performances des protagonistes, et l’avenir qui leur est promis.

Alors oui, pour parler poliment, l’Histoire de la boxe n’est pas exempte de scandales. Et internet, caisse de résonnance idéale de la moindre théorie complotiste, se prête bien aux controverses sur les pointages. La toile permet à chacun de réagir dans l’instant à la moindre contrariété, dans l’illusion que sa propre voix fera avancer le schmilblick, et que le véritable résultat d’un combat serait issu d’une sorte de vaste sondage en ligne mêlant l’opinion des médias spécialisés (dans un esprit assez proche des newspaper decisions d’antan) et celle des millions de fans de boxe à travers le monde. Autrement dit, les règles de The Voice ou la Nouvelle Star appliquées au plus beau des sports. Au secours...