Imaginez la scène : nous sommes dans un club de boxe de Manhattan qui fleure bon le renfermé, le vieux cuir et la transpiration, en 1959. Devant un parterre intrigué et rigolard, le champion du monde des poids mi-lourds se livre à une exhibition de trois rounds contre un échalas pâlot qui ne connaissait rien au noble art encore trois mois auparavant, souffrant d’un syndrome de réaction sympathique à la moindre gifle – autrement dit, d’incontrôlables crises de larmes. L’inconscient en question se nomme George Plimpton, et le récit de son défi abracadabrantesque à Archie Moore ouvre Shadow box, récit de quinze ans d’observation méticuleuse et fascinée d’un des âges d’or de la boxe, de l’ascension du jeune Cassius Clay vers le titre mondial des lourds jusqu’à sa formidable reconquête, une fois devenu Muhammad Ali, par une nuit zaïroise d’octobre 1974...