130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

En cours de lecture

Les saisons, Maurice Pons

Dans ce village de montagne hors du temps, tout au fond d’une vallée perdue, rien n’est plus incongru qu’un étranger. Voilà pourquoi Siméon en a fait sa destination. Sac au dos et sandales aux pieds, le voyageur solitaire fuit un passé indicible, qu’il lui faut pourtant raconter. Il en brûle, c’est pourquoi il sera écrivain. Le hameau est un lieu de retraite idéal pour créer ; mieux encore, sa réclusion absolue, loin de toute forme de culture ou de raffinement, convainc Siméon qu’il apportera à ses habitants de quoi s’élever enfin. À mesure qu’il noircira les rames du précieux papier qui sont sa seule richesse, la page blanche qu’est le village s’emplira de civilisation. Du moins est-ce son projet...

En cours de lecture

Oh my Dio

Il fut un temps où le titre de champion du monde de boxe valait respect et admiration. Entraient invariablement dans la légende ceux qui étaient sacrés dans trois catégories de poids. Ronnie James Dio n’était pas un boxeur – le cas échéant, sans doute eût-il combattu en poids coqs -, mais il fit plus formidable encore : devenir le chanteur de trois groupes mythiques de l’Histoire du heavy metal.

En cours de lecture

À l’état libre, Neel Mukherjee

A State of Freedom, titre original du troisième roman de Neel Mukherjee, suggère à la fois un pays dont les habitants sont libres, et un état des lieux de l’usage réel qu’ils font d’une telle liberté. Les protagonistes d’À l’état libre sont des êtres en mouvement, qu’ils partent chercher fortune, savoir et culture à l’étranger, ou quittent les campagnes dans l’espoir d’une vie décente pour eux et leur famille. La structure de ce roman choral, qui s’attarde tour à tour sur chacun d’entre eux et révèle peu à peu leurs connexions, suggère un corps social en effervescence, dont les composantes éminemment diverses – par leur religion, genre, caste, langue ou lieu de naissance – se télescopent sans cesse au gré de leurs migrations.

De quoi supposer que l’enjeu principal d’À l’état libre soit une tentative de définition de l’identité indienne, à une époque caractérisée par la mobilité, où l’individu serait de moins en moins défini par son terroir. Cette problématique est universelle ; dans le cas de l’Inde décrite par Neel Mukherjee, on observe – souvent avec effroi – des êtres réputés libres, mais oppressés conjointement par la pesanteur des traditions, les affres du déracinement et les mirages de la modernité.

En cours de lecture

Le temps où nous chantions, Richard Powers

La culture américaine de la démesure ne concerne pas seulement les voitures, les immeubles et les gobelets de boissons sucrées. Résoudre les grands problèmes du monde contemporain à coups de parpaings fictionnels de 1000 pages et plus est aussi une spécialité locale. De quoi effrayer les lecteurs à l’appétit d’oiseau, mais aussi ceux qui fuient les pensums où le roman n’est que prétexte au martelage d’un message politique pas toujours très subtil. C’est parce que j’ai lu et aimé L’arbre monde de Richard Powers que j’ai osé m’aventurer dans Le temps où nous chantions, du même auteur. Le premier, récompensé par le Prix Pulitzer 2019, traitait la question légere entre toutes de la catastrophe écologique en cours, tandis que le second abordait en 2003 le sujet tout aussi frivole de la race aux États-Unis. Il y a moins glissant...

En cours de lecture

30 ans après : Seattle 89, de Metallica

Avant la généralisation des concerts filmés et retransmis en direct sur grand écran pour que ceux du fond puissent suivre, l’enregistrement de la musique live avait beaucoup à voir avec l’ornithologie : on installait son matériel de prise de vue en espérant que se produisît un alignement d’étoiles très incertain. Le bon set était facile à capter pour peu que l’on suive un groupe correct, mais un film de concert parfait avait tout du cliché saisissant le Martin-pêcheur dans la microseconde où il chopait le têtard. Pour Metallica – voire pour le metal en général -, le moment de grâce, au Center Coliseum de Seattle, s’étira entre les 29 et 30 août 1989.