130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Entretien avec Mattias Köping, auteur du Manufaturier

130 livres : Mattias Köping, Le Manufacturier est votre second roman. Pouvez-vous en dire plus sur ce qui vous a amené à l’écriture ? Avez-vous eu une ou plusieurs vies liées à la réalité que vous dépeignez – police, justice, médias, etc. ?

Mattias Köping : Je ne suis pas auteur à plein temps, et je ne compte pas le devenir. C’est une carrière très angoissante que je n’envie pas aux intéressés, même si j’apprécie certains aspects de la vie d’écrivain, notamment les échanges avec les lecteurs. Ma vie et mon métier sont tranquilles, et très éloignés de ce que je décris dans mes romans. Pour moi, l’écriture est une sorte de démangeaison ponctuelle plutôt qu’un plaisir ou un besoin viscéral – je peux passer des semaines ou des mois sans écrire. La recherche m’intéresse tout autant, et j’y consacre beaucoup de temps. J’ai écrit deux ou trois romans il y a bien longtemps, des polars, que j’ai bazardés. Et puis je m’y suis remis treize ans plus tard, avec Les démoniaques. Je ne comptais même pas l’envoyer à un éditeur, c’est mon épouse qui m’en a convaincu, pour éviter des regrets éternels ! Je ne connaissais pas Ring, mais un minimum d’informations m’a convaincu que le ton du roman était celui qu’ils recherchaient. Et ils ont pris le texte...

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Le cartographe des Indes boréales, Olivier Truc

C’est une règle implicite des vacances, sauf à être un Néerlandais à la caravane bourrée de produits de chez lui : consommer local, et s’esbaudir à l’envi sur la qualité de ce que l’on a déniché. Ainsi, au Pays basque, il est de bon ton d’emmagasiner linge de maison et chapelets de piments d’Espelette. Lire local est une démarche un rien plus rare, voire risquée, lorsque l’on ne connaît rien de l’écrivain en question et que le genre concerné vous rebute a priori. Seulement voilà : comme évoqué ici, j’ai grande confiance en la Librairie de la rue en pente, sise à Bayonne, au point de lui avoir acheté un authentique roman d’aventures à héros basque lors de mon dernier passage. La bête pèse 627 pages et s’intitule Le cartographe des Indes boréales, d’Olivier Truc.

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Brave parmi les braves

Eddie Futch est né voici exactement 108 ans à Hillsboro, Mississippi. Il en avait 66 lorsque son poulain Joe Frazier affronta Muhammad Ali lors de l’ultime volet d’une trilogie qui devait sacrer un authentique géant. Le jour où il démontra que le plus grand de tous, c’était lui. Eddie Futch.

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Robicheaux, James Lee Burke

L’auteur texan James Lee Burke publia, en 1987, le premier tome des aventures narrées à la première personne d’un flic de Louisiane nommé Dave Robicheaux. Il avait alors la cinquantaine et n’imaginait sans doute pas que cet alter ego de fiction vieillirait avec lui pendant plus de trente ans. Vingt-et-unième épisode de la série, Robicheaux est sorti le mois dernier chez Rivages noir, et l’on sait déjà qu’il sera suivi de la prochaine traduction de The New Iberia Blues, déjà disponible en VO. Vraisemblance oblige, l’adjoint du shérif de la paroisse – équivalent local du comté – d’Iberia a cessé de vieillir depuis plusieurs tomes.

On le devine jeune septuagénaire, toujours capable de coller son poing sur un nez hostile et de participer à une fusillade sans y laisser un col du fémur. Qu’importe, au fond, si le temps s’est arrêté pour celui que ses rares amis surnomment « Belle mèche » : dans la Louisiane de Dave Robicheaux, vivants et morts coexistent aussi pacifiquement que possible, et le vieil homme a désormais la science et le discernement d’un esprit séculaire qui planerait sur le Bayou Teche. C’est ce que laisse imaginer le merveilleux incipit de Robicheaux. « Merveilleux » par son écriture, parce qu’il présente en deux pages un protagoniste au vécu considérable à ceux qui le découvriraient, et grâce au talent avec lequel Burke sait rappeler à ses fans de longue date pourquoi les monologues de son héros culte n’ont pas d’équivalent dans le roman policier, voire le roman tout court.

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L'imprudence, Loo Hui Phang

Échevelée, une femme jeune et belle me scrute depuis son lit, d’un regard intense, empreint de confiance. Je ne sais pas grand-chose de la photographie, mais il semble que ce cliché soit l’oeuvre d’un maître, dont l’accord pour en faire la couverture de L’imprudence serait un événement en soi. Ce que je peux en dire avec certitude est qu’il illustre le propos à la perfection : une exploration avide du monde et des êtres par la sensualité. Son auteure Loo Hui Phang a écrit plusieurs bandes dessinées et romans graphiques, mais il s’agit de son premier roman. 140 pages vite lues qui confirment le nez d’Actes Sud pour les talents encore jeunes dans l’exercice, au long desquelles la narratrice nous livre tout d’elle-même, hormis son nom.