Nous sommes en Gaule, en 2019, et une maison d’édition, récente de surcroît, semble résister à la morosité du marché du livre. Baptisée Ring, elle se concentre sur des thèmes d’actualité à forts relents de scandale, dans une veine volontiers critique de la démocratie libérale moderne que ne renierait pas un Michel Houellebecq sous Captagon – la comparaison n’est pas fortuite, puisque son ancien éditeur Raphaël Sorin en est le directeur littéraire. Bien des essais, fictions et bandes dessinées estampillés Ring, même couronnés de succès, sont régulièrement boycottés en librairies, certains de ses auteurs se virent déprogrammés ou agressés en festivals, et ses locaux parisiens furent vandalisés à deux reprises.
Contournant les médias traditionnels, la maison a investi dans une promotion atypique, très présente sur les réseaux sociaux et diffusant des bandes-annonces filmées de ses titres phares. À ceux qui taxent Ring d’être « néo-réac », son fondateur rétorque qu’il édite Zineb El Rhazoui, Jimmy Page et Julian Assange aussi bien que Marsault et Laurent Obertone, et se borne à « rendre compte de la réalité brutale d’une société en extrême mutation ». Admettons.