Le lendemain, tes potes et toi quittez votre gîte un poil plus tard : aucun de vos incontournables n’est programmé d’entrée. Lassé par le harcèlement potache de ta bande, l’ami Pantacourt a passé un kilt, comme une part non négligeable des festivaliers. Un calcul qui comporte sa propre part de risque. Ce matin du deuxième jour est un moment particulier. L’excitation du brutal changement d’environnement qui dure, les quelques courbatures te rappellant les bonheurs de la veille, la joie enfantine d’avoir encore les deux tiers du festival devant toi. En arpentant la départementale, de la bagnole jusqu’aux portes de l’enfer, tu dissertes avec tes copains sur la portée symbolique de cette marche. Tandis que le gros son enfle au loin, la meute des pélerins du métal se fait plus dense, et les premiers signes de la noce apparaissent peu à peu, voiture mal garée couverte de canettes vides, premiers accoutrements délirants, ou apéros sur des tables de camping dépliées devant les Quechuas. Ce parcours est une transition vers un toi ancien, éminemment aimable et dépourvu d’embrouilles de lombaires, de tribu ou de turbin. Un toi essentiel pour qui watts pesants, Kro fraîche, blagues atterrantes et nichons devinables constituent la quintessence de la félicité terrestre.