Lorsqu’il apparaît dans votre champ de vision, Philippe Jaenada y impose une présence d’ogre de village croisé Rapetou, tête ronde au cheveu ras et aux sourcils épais posée sur un menhir drapé de noir. Surnommé « Boit-sans-soif » au sein d’une fine équipe dite des « descendeurs de Ménilmontant », lui-même rappelle à l’envi que le remplissage régulier d’un pareil fût relève du tour de force, mais aussi de la nécessité. L’incipit de La petite femelle est clair sur ce dernier point : « Je suis comme les bébés, quand la nuit tombe, j’ai besoin d’un whisky » (Bien que plus porté sur le raisin fermenté que sur le malt, j’estime disposer de quoi comprendre parfaitement ce dont il parle (Ce n’est pas notre unique point commun, puisque j’ai moi aussi vu le jour à Saint-Germain-en-Laye, 10 ans après lui (À supposer qu’il soit également né à l’hôpital public, notre caste est vouée à l’extinction, puisque la maternité en question a fermé en 2006))). Considérez les trois digressions gigognes qui précèdent comme une tentative d’illustration d’une autre caractéristique du bonhomme : il aime digresser.