130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

En cours de lecture

Les Dynamiteurs, Benjamin Whitmer

Cherchez Benjamin Whitmer sur la version anglo-saxonne de Wikipédia et vous n'y trouverez qu'un homonyme du romancier, catcheur professionnel à la retraite, alors que sa page sur la version française existe bien. Voilà qui illustre la popularité particulière de l'auteur des Dynamiteurs auprès des lecteurs français, confirmée par ce fait étonnant : ni ce dernier roman, ni le précédent Évasion ne sont encore sortis aux États-Unis. On pourrait attribuer le phénomène au beau travail de Gallmeister lorsqu'il s'agit de choisir et défendre ses textes, comme d'en faire de beaux objets. Ayant découvert l'auteur avec son premier roman Pike, je hasarderai ici une seconde hypothèse : que la faculté de Whitmer à proposer des oeuvres ambitieuses du point de vue formel, tout en maîtrisant impeccablement les règles incontournables de la littérature de genre, serait plus du goût du public français que de l'américain. Je manque d'arguments immédiats pour le prouver, mais fort heureusement j'écris le présent billet sans personne pour me contredire...

En cours de lecture

Nickel Boys, Colson Whitehead

Entre les héros des deux romans de Colson Whitehead récompensés par le prix Pulitzer de la fiction, les similitudes abondent. Deux adolescents afro-américains abandonnés par leurs parents, nés dans un sud profond où la loi les discrimine pour leur couleur de peau, enfermés et exploités dans un lieu de non-droit dont les responsables font tout pour les briser, hésitant entre discrétion et désir d'émancipation. Plus d'un siècle sépare pourtant l'histoire de Cora, l'esclave d'Underground railroad, de celle d'Elwood, incarcéré dans la sinistre institution qui donne son nom à Nickel Boys. Le diptyque que composent ces oeuvres indissociables, à la seule lecture des quatrièmes de couverture, semble poser le constat suivant : c'est à un rythme bien inférieur à celui du pays entier qu'évolue le statut des Noirs des États-Unis d'Amérique.

En cours de lecture

Pot-(pas)pourri estival

Je suis un chroniqueur séquentiel à l’extrême. Ce qui signifie que j’alterne imperturbablement lectures et rédactions des papiers correspondant, un cycle que ne viennent guère perturber que les vacances d’été. La satisfaction d’avoir pété la gueule à mon ambitieuse pile à lire de juillet-août pèse peu de chose face à l’angoisse de voir s’accumuler les retards d’écriture. J’ai beau avoir poussé le courage jusqu’à taper certaines chroniques sur téléphone, mollement étalé sur un transat, cinq titres dignes d’un compte-rendu attendent toujours le leur alors que se profile la rentrée littéraire. Gasp. Le défi d’aujourd’hui consiste donc à dire ce que j’ai pensé de chacun de ces bouquins en noircissant moins que les trois copies doubles habituelles. Ceux qui suivent n’en sous-estimeront pas la difficulté. Voici donc des papiers succincts en diable sur – par ordre de lecture – cinq bouquins dignes d’attention :

- Je dénonce l’humanité, de Frigyes Karinthy
- Les effarés, d’Hervé Le Corre
- Lambeaux, de Charles Juliet
- Prosper à l’oeuvre, d’Éric Chevillard
- Le facteur humain, de Graham Greene

En cours de lecture

Les Enténébrés, Sarah Chiche

Les angoisses de milieu de vie me passionnent – aussi – en littérature. De sorte qu’en me fiant à quantité d’avis enthousiastes de lecteurs fiables, j’étais voué à lire Les Enténébrés, lauréat du prix 2019 de la Closerie des lilas. Il n’est pas superflu de rappeler ici qu’il s’agit une récompense exclusivement féminine, alors que mes goûts me portent très majoritairement vers les auteurs à chromosome Y, comme me le fit remarquer une observatrice affûtée...

En cours de lecture

Péquenots, Harry Crews

Quel que soit son engagement dans le polissage du texte qu’il publie, un éditeur est un fabricant. Il conçoit et produit un objet. Et Péquenots, recueil de chroniques de Harry Crews publiées dans Esquire et Playboy de 1974 à 1977, a tout de l’objet parfait, puisque son design dit tout de son contenu. Une méchante couverture en carton gris, juste assez rugueuse sous la pulpe des doigts, la première ornée d’un titre rouge qui tranche sur une trogne en noir et blanc. Et quelle trogne : relief accidenté accrochant l’ombre mieux que la lumière, yeux plissés, moustache fournie et barbe drue, l’expression indéchiffrable du type que vous dérangez sur son territoire, sans bien savoir s’il vous offrira de son whisky ou s’il vous collera son poing sur le nez en guise de bienvenue.