130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Mes fous, Jean-Pierre Martin

Sandor Novick voit des fous partout, et ils le lui rendent bien. Il les attire.

L’aimbable quinquagénaire ne peut se promener dans Lyon sans que plusieurs de ceux qu’il nomme « les corps errants » viennent lui faire un brin de causette déjantée. Dédé commente la météo, Laetitia partage ses visions délirantes, les inséparables nagent dans le couloir d’à côté en se tenant à la même planche, le harki déblatère sur la politique posté sur un pont, la marcheuse rumine des idées noires, la dame en rose… s’habille en rose. Pour chacun, Sandor fait une victime bien consentante : son docteur lui a diagnostiqué un excès d’empathie, pour lequel un arrêt de travail lui est carrément prescrit. Comme on le devine aux échanges avec Mathias, son jovial Directeur des Ressources Humaines, il est cadre dans une grande entreprise empreinte d’une novlangue et de principes managériaux bien de leur temps. À force d’aider son prochain à porter sa croix psychique, la mélancolie qui envahit Sandor s’avère peu compatible avec un tel monde de positivité forcée.

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Boxe around the clock

Comment se retrouver bourré d’adrénaline à 5 du mat’ après le KO de l’année, alors qu’on comptait jeter un oeil rapide sur Usyk vs Chisora avant de filer compter les moutons ? C’est simple : il suffit de tomber sur LA soirée qu’il fallait, avec rien de moins que trois événements majeurs au programme…

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Tous les hommes du roi, Robert Penn Warren : Round 2

Je relis peu les livres, même mes préférés. La faute à ma submersion chronique sous un mètre cube de bouquins à découvrir, nouveaux ou pas, un problème partagé par beaucoup. J’ai d’ailleurs commencé à écrire des billets sur mes lectures avant même de les publier, pour moi seul, par simple souci de me rappeler ce que j’en avais retenu sans avoir à m’y coller une seconde fois. Avancer en âge rend plus délicat encore le choix de relire un bouquin, à mesure que l’on prend conscience de la finitude du temps que l’on consacrera – entre autres – à bouquiner, alors que chaque jour qui passe laisse un peu plus conscient de l’infinité des titres qu’on prendrait plaisir à découvrir… pour ne parler que des livres déjà écrits. Bref : je relis peu les livres, même mes préférés. Ce qui ne m’empêche pas de renâcler à me séparer des plus oubliables des miens, et de vouer aux gémonies Maria Kondo et sa règle insane d’une bibliothèque à trente volumes maximum. Et non, je n’ignore rien de ce que Freud nous apprend des collectionneurs. Passons...

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Absolument ciselés, diablement crétins : les 16 albums d’ACDC

Depuis 1973, avec l’obstination de l’artisan sûr de son rustique tour de main, ACDC s’applique à faire du ACDC. Très ancrée dans la culture pop, leur oeuvre est pour beaucoup un éternel empilage de gros riffs de guitares interchangeables sur lequel couine une voix abrasive, cadencés par le « poum – tchac » définitif de la batterie. Les zélateurs d’Acca Dacca, eux, traquent une alchimie sublime sous le simplisme de façade ; l’écoute de chaque galette, du blues de pubs au hard rock d’arènes combles, est la quête d’une sensation bien particulière, lorsque la conscience se dissout dans le rythme binaire des cordes et percussions tandis que s’y substitue une animalité libérée, nourrie du son essentiel et du ton primitif de l’ensemble. Bref, pour que le bazar fonctionne, un album d’ACDC doit être à la fois ciselé à l’extrême et crétin comme tout.

Le premier extrait de Power Up, le 17eme album studio d’ACDC annoncé pour le 13 novembre, s’intitule Shot in the dark. À défaut de subjuguer, il donne aux fans de quoi se rassurer : un single à la fois attendu au possible dans sa composition et très rigoureux dans l’exécution et la production. Ça swingue et ça sonne juste. Aléluia.

De 1974 à 2014, les 16 disques précédents offrirent autant de modulations subtiles – oui, l’adjectif peut dérouter – autour du principe de base de la maison Young, lui-même aussi immuable que la formule du Coca-Cola. L’oreille avertie y distinguera des différences sensibles, au gré des changements d’époque, de lineup, d’échelle… et d’inspiration. Le classement qui suit est éminemment subjectif et me vaudra peut-être deux ou trois jets de cailloux. Il se veut surtout l’occasion de réviser ses classiques en attendant Power Up.

Let there be rock.

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C'est comme ça, et c'est tout

Duhaupas ne les prend plus.

Voilà ce qu’on peut retenir de la triste soirée d’hier, dans une Paris La Défense Arena aux allures d’Étoile Noire à l’abandon, distanciation oblige. Le menton, en boxe, tient du talon d’Achille ou du super-pouvoir. On peut se muscler les deltoïdes, on peut s’entraîner à accompagner ce qui vient, mais au bout du compte certains les prennent et d’autres pas. Il les prenait, Duhaupas, et pas qu’un peu. Deontay Wilder lui en mit assez pour coucher cinq ou six de ses victimes ordinaires, sans même obtenir un knockdown. Et la droite de Wilder, c’est le baiser de la mort, un punch de dessin animé dont la terrifiante efficacité ne s’explique pas mieux qu’un menton en tungstène. C’est comme ça, et c’est tout.