Depuis Manchette, on sait que la bonne littérature dite de genre doit savoir s’appuyer sur les codes attendus pour formuler un commentaire social qui percute et surprend. J’ai beau reconnaître sans peine une inculture abyssale en matière d’écrits érotiques – que seule excède ma méconnaissance du roman japonais – il semble toutefois en aller ainsi dans ce sous-ensemble précis. La difficulté de trousser assez adroitement une scène de sexe d’un paragraphe dans une histoire réputée conventionnelle en évitant que son lecteur ne glousse ou lève les yeux au ciel s’avère déjà assez élevée en soi. De fait, trois cent vingt sept pages de cul stricto sensu, au-delà du risque de redite, auraient peu de chances de se suffire à elles-mêmes pour garantir que le public demeure tout à fait captivé. Château Rouge, de Junichi Watanabe, est un roman culte japonais du début des années 2000. S’il s’inspire de la formule bien connue des amateurs de pornographie – éculée, si j’osais – de l’initiation au plaisir d’une femme mariée, ce livre dit bien plus de la bonne société locale que des mille et une façons d’accomoder le papayou-lélé au pays du soleil levant.