635 pages pour raconter un fait divers concentré sur une seule journée, qu'une écriture sèche typique du roman noir traditionnel prendrait quatre fois moins de mots à décrire : tel est le projet littéraire de Laurent Mauvignier avec Histoires de la nuit. Dès l'incipit, l'évidence de ses intentions nous saisit, puisque la première phrase s'étire jusqu'en page 2. Sinueuse, tout en juxtapositions, elle reste fluide et dépourvue d'inutiles ornements. Il s'agit d'abord de donner un tempo ; si l'intrigue avancera avec une lenteur des plus calculées, la lecture elle-même demeurera rythmée par des enchaînements incessants de propositions courtes. On n'atteint chaque point final qu'après une progression, un effort de narration consistant à extraire une vérité toujours plus profonde des descriptions et des développements de l'intrigue. Quasiment absent, le dialogue, troisième pilier de la fiction, n'introduit aucune rupture dans le flux à la fois dense et dynamique de ces Histoires de la nuit...