130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Notre part de nuit, Mariana Enriquez

Les fantômes sont réels. Et ce ne sont pas toujours ceux qu’on appelle qui viennent.

  1. Veuf de Rosario, Juan est un géant blond à la beauté irréelle, son fils de six ans Gaspar un môme très dégourdi. Cardiaque, Juan faiblit lorsqu’il utilise ses pouvoirs de médium : il peut ainsi invoquer une force occulte appelée Obscurité, influencer les humains, contacter les morts ou faire disparaître leurs spectres errants. Le sexe régénère son énergie vitale. Son fils semble avoir hérité de ses dons. Or les médiums sont exploités par l’Ordre, une organisation occulte dirigée par la riche famille de Rosario qui aspire à obtenir la vie éternelle. Juan refuse que Gaspar leur soit soumis. Il consent à participer à un ultime Cérémonial, où l’Obscurité qu’il invoque dévore les chairs de victimes sacrificielles et d’initiés de l’Ordre, puis prend la fuite avec son fils. Par la suite, on suivra tantôt Juan, tantôt Gaspar, du Buenos Aires de la dictature militaire à celui du retour de la démocratie, en passant par un flash-back dans le Londres psychédélique des Seventies. La famille que forment désormais le père et le fils échappera-t-elle aux noirs desseins de l’Ordre tout-puissant ?
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Le cavalier de la nuit, Robert Penn Warren

Riche idée que celle de rééditer un livre majeur sur les vertiges du populisme en pleine campagne électorale : on la doit ici aux Éditions Séguier, sixième maison française en autant de livres de Robert Penn Warren que j’eus le grand plaisir de lire jusqu’à présent. Le cavalier de la nuit fut le premier roman de ce rare triple vainqueur d’un prix Pulitzer, je le rappelle à chaque billet, deux fois en poésie et une en fiction pour Tous les hommes du roi (abordé sur 130livres.com dans ses versions traduite et originale). Sept ans séparent la publication de ces deux oeuvres éminemment politiques et les correspondances entre elles, on le verra, sont légion. À découvrir un roman traitant de thèmes voisins après avoir lu le chef d’oeuvre de son auteur, le risque est réel sinon d’une déception, au moins de se sentir un tantinet blasé. Il n’en fut rien : si ce Cavalier de la nuit n’a pas tout à fait la densité extraordinaire de son prestigieux successeur, on y trouve déjà le mélange de maîtrise, de lyrisme et d’intelligence pure qui subjuguent à la lecture de Tous les hommes du roi.

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Un barrage contre l'Atlantique, Frédéric Beigbeder

Lire un livre tout entier en un après-midi apaise le chroniqueur qui se croit surmené.

Dès la deuxième page, Beigbeder s’assume ici en phraseur indécrottable.

Rien de plus retors qu’un critique littéraire, il anticipe chaque coup de raquette de ses homologues.

Que l’auteur ait intitulé sa première partie « Phrases » eût certes pu nous mettre sur la voie encore plus tôt ; que lesdites « Unités grammaticales composées d’éléments ordonnés, capables de porter l’énoncé complet d’une proposition », selon le Larousse, composent un propos discontinu et soient espacées d’un double interligne accentue l’effet produit.

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anéantir, Michel Houellebecq

Michel Houellebecq fut d’abord un poète, puis un romancier captivé par le destin de l’espèce humaine avant de devenir une institution goncourée puis, le 7 janvier 2015 coïncidant avec la sortie de Soumission et le mouvement des Gilets Jaunes succédant à celle de Sérotonine, l’oracle à parka d’une social-démocratie française enchaînant les crises et les angoisses existentielles. On le confond d’autant plus facilement avec Elizabeth Teissier que ses romans sont désormais publiés en début d’année. La maison Flammarion décréta le silence médiatique sur son nouvel opus, anéantir, jusqu’au 30 décembre dernier, la parution elle-même étant programmée une grosse semaine plus tard. Depuis longtemps déjà, avide d’accéder en exclusivité aux prédictions du mage Michel, le monde des amoureux des belles lettres françaises se refilait sous le loden la version .pdf dudit roman garanti sans Covid ni guère de réchauffement climatique – hormis ceux qui eurent l’insigne honneur de s’en voir adresser un exemplaire papier aux caractéristiques techniques stipulées par l’auteur en personne, inspiré de l’édition allemande et de l’album blanc des Beatles, calé sur le nombre d’or et intégrant plusieurs illustrations intérieures, le tout justifiant apparemment son prix de 26 euros en librairie…