Alors que l’on passe à peine la mi-décembre, la pesanteur des débats et analyses autour de l’élection présidentielle accable déjà l’électeur potentiel, fût-il de bonne volonté. Il est beaucoup question d’egos et au moins autant de calculs politiciens, on évoque quelques premiers éléments programmatiques destinés à faire le buzz et chaque camp en présence pose sur le pays un diagnostic biaisé qui légitime ses propres parti-pris idéologiques – bien des sociologues d’aujourd’hui ne procèdent pas autrement. Or avant de se rallier à l’un ou l’autre des panaches agités sous nos nez d’internautes et téléspectateurs, il importe de comprendre de quel pays il est question, au-delà des perceptions biaisées ou parcellaires qu’on nous assène si volontiers. Charles Péguy faisait sienne l’impérieuse nécessité de « dire ce que l’on voit et, ce qui est plus difficile encore, de voir ce que l’on voit », jamais plus d’actualité qu’en année pré-electorale.
Une telle entreprise requiert de la patience, un esprit de synthèse combiné à la connaissance approfondie des territoires qui font la France, et la volonté d’étayer ses constats par une grande variété de données à la fois précises et originales – de la cartographie des piscines implantées sur la commune de Saint-Maximin-La-Sainte-Baume (83470) ou du taux de pénétration des grands titres de PQR sur Twitter aux extraits des romans des très observateurs (et divergeants) Michel Houellebecq et Nicolas Mathieu. Jérôme Fourquet, auteur de L’Archipel français et directeur du département Opinion à l’IFOP, s’est ainsi associé au journaliste « spécialiste des modes de vie et des questions territoriales » Jean-Laurent Cassely pour proposer La France sous nos yeux, 477 pages et 845 grammes d’analyses et recoupements garantis sans jugements de valeur ni agenda politique inopportun – il appartiendra à chacun d’en tirer ses propres interprétations, opportunes ou non.