130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

En cours de lecture

SAS : La madone de Stockholm, Gérard de Villiers

Il sera ici question d’une abomination patriarcale à l’ancienne ou d’un morceau d’Histoire, c’est selon. Après quoi il m’incombe d’étayer la seconde proposition : La madone de Stockholm est le premier tome de la série SAS – pour « Son Altesse Sérénissime » –, chapardé sur la table de nuit paternelle, dans lequel j’aie jeté un œil. J’avais 12 ans et fus vite édifié. Car cet épisode 68 s’ouvre sur une scène de galipette à la diable entre un physicien américain en exil (à Stockholm, donc) et sa bonne amie, avant que le monsieur ne sorte faire un tour et que de sinistres sicaires à la solde du KGB ne fassent irruption dans la chambre d’hôtel pour liquider la dame, faisant croire à un accident de baignoire. Tout ça en 22 pages, mazette...

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Titane, Julia Ducournau

Mâtin, quel choc : la Palme pour Titane, divulgâchée d’entrée de cérémonie par un président sapé en Desigual qui pis est. Audace, iconoclasme, radicalité. J’ai couru le voir dans la foulée de l’annonce du palmarès sur une impulsion soudaine – enfin, je partageai celle de mon épouse -, mû par l’envie irrépressible d’avoir un avis sincère comme d’en prendre plein la figure un samedi soir. L’odeur rare du soufre chimiquement pur, en somme...

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Méridien de sang, Cormac McCarthy

« Voici l’enfant. Il est pâle et maigre, sa chemise de toile est mince et en lambeaux. Il tisonne le feu près de la souillarde. Dehors s’étendent des terres sombres retournées piquées de lambeaux de neige et plus sombres au loin des bois où s’abritent encore les derniers loups. Sa famille ce sont des tâcherons, fendeurs de bois et puiseurs d’eau, mais en vérité son père a été maître d’école. Il ne dessoûle jamais, il cite des poètes dont les noms sont maintenant oubliés. Le petit est accroupi devant le feu et l’observe. »

Après un incipit aussi sublime, il faut quatre pages à Cormac McCarthy pour présenter le personnage de l’enfant et son périple initial de vagabond, la dureté du monde des hommes et celle de la nature, la connaissance approfondie qu’il en acquiert et les forces telluriques qui cabossent ainsi sa boussole morale au risque de la fausser à jamais. Une narration à ce point véloce et puissante n’est pas qu’une question de maîtrise de la syntaxe ou d’un épais dictionnaire de synonymes. Elle requiert une rare conscience de l’essentiel, formule qui résumait à elle seule les immenses qualités de La route. On attribue naturellement cette faculté à un auteur au faîte de ses talents, ayant accumulé l’expérience patiente d’un vétéran de son art ; de fait, lorsqu’il reçut le Pulitzer de la fiction pour son chef d’oeuvre de 2007, McCarthy était septuagénaire. Mais Méridien de sang fut publié plus de vingt ans auparavant, et l’écrivain y apportait déjà la preuve irréfutable de l’exact même pouvoir.

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La Marge d'erreur, Nicolas Rey

J’avoue m’être inscrit à une rencontre en ligne avec Nicolas Rey sans avoir jamais lu aucun de ses bouquins ni spécialement projeté d’acquérir le nouveau. Ce qui m’intéressait, c’était voir la bête, incarnation à la dépression télégénique d’un entre-soi culturellement hégémonique dont les canons édictés par l’esprit Canal des débuts et les fiches bristol de Thierry Ardisson pourraient se résumer d’un « Tout, sauf le premier degré ». Via Zoom, en lieu et place du chroniqueur universel et animal médiatique escompté, j’ai découvert ce jour-là un type épaissi et sincère, ne venant plus à Paris que pour regarder des séries sur OCS depuis son canapé et bouleversé à la simple idée que de vraies personnes pussent encore s’intéresser à sa prose.

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Drame au pays de la guillotine

Avec l’élimination précoce des Bleus, pour qui ambitionne une analyse technico-tactique un poil plus élaborée que le traditionnel « Rhalala sont trop payés », débute l’indispensable chasse aux fautifs tout trouvés. Pour l’heure, deux noms semblent avoir la faveur de la vindicte tricolore, ceux de Didier Deschamps et Kylian MBappé.