130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Les furies, Lauren Groff

Une prudence élémentaire appellerait à se fier aux goûts de Barack Obama plutôt qu’à ceux de son successeur au moment de choisir une cravate. Il en va de même pour les livres, et l’enthousiasme du pénultième président des Etats-Unis pour Les Furies, de Lauren Groff, n’est pas le moindre des arguments repris pour sa promotion.

Comme 30 ans et des poussières de Jay McInerney ou Les privilèges de Jonathan Dee, Les furies est une dissection sans concession du mariage de deux parfaits jeunes gens qui suscitent, à peine sortis de l’adolescence, des montagnes d’envie et d’admiration chez leurs contemporains newyorkais du début des nineties.

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Live at Wembley : Moi et mes 80.000 gars sûrs

Cous de bouledogues posés sur des épaules d’enclumes et des torses de barriques, engoncés dans des chemises de designers et des vestes en tweed cintrées au-delà du raisonnable, cheveux tondus de la nuque jusqu’en haut des tempes, et structurés au-delà en une mèche cirée de frais, barbes taillées au cordeau, tout ce que Londres compte de lads intéressés à la chose pugilistique – et capables de s’offrir un billet pas donné – était de sortie samedi soir au stade de Wembley. Une petite minorité venaient accompagnés d’épouses et de compagnes souvent juchées sur d’interminables talons dorés ou argentés, maquillées au pistolet et drapées dans des tissus légers livrant peut-être un peu trop d’elles à la fraîcheur du printemps londonien.

Le jeune et télégénique promoteur Eddie Hearn l’avait bien compris à l’heure de réserver une enceinte aussi gigantesque qu’emblématique : mes 80.000 potes d’un soir (90.000 spectateurs au total étaient annoncés) n’auraient loupé pour rien au monde cet événement social et prestigieux à la fois. Ils étaient là pour boire pas mal de coups, sympathiser virilement entre voisins de tribune, bramer à pleins poumons leur bonheur d’être là, et finalement voir un jeune talent local remettre en jeu ses titres mondiaux WBA et IBF des poids lourds contre un adversaire enfin digne de ce nom : Anthony Joshua contre Wladimir Klitschko

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Beauté du geste, Nicolas Zeisler

La boxe inspire plus d'écrivains que le football ou le croquet. Ce qui tombe assez bien, en ce qui me concerne. En langue française, c'est plus rare. Et quand paraît le livre d'un copain consacré au noble art, c'est étrange et plaisant à la fois. Nicolas Zeisler est un jeune journaliste indépendant qui partage l'essentiel de son temps entre Barcelone et la France.

Il est monté sur un ring au Mexique, là où l'on fait peu de cas des victoires par décision, et en a gardé une fascination pour les bagarreurs bourlingueurs, les losers magnifiques, les chiens de la casse pleins de grinta, les artistes chambreurs, les vieilles gloires en bout de course, bref : tous ceux qui remettent en jeu à chaque combat tellement plus qu'une ligne sur un palmarès. En un mot, les boxeurs.

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Un arrière-goût de rouille, Philipp Meyer

J’ai déjà parlé du Fils, de Philipp Meyer, un succès critique et d’édition amplement mérité de l’année 2015. Car ce second roman était un vrai tour de force, narrant l’histoire du Texas de son intégration à l’Union jusqu'à aujourd’hui, au travers des destins de trois membres d’une dynastie de pionniers devenus magnats du pétrole. En comparaison, l’ambition du premier livre de l’auteur est resserrée : une unité de temps, de lieu et d’action pour suivre quelques jours décisifs dans la vie d’une poignée d’habitants de la Rust Belt à la fin des années 2000. Mais c’est bien la même capacité à saisir l’âme d’une région emblématique des Etats-Unis qui frappe dès l’ouverture d’Un arrière-goût de rouille (American rust en VO).

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Pukhtu, DOA

Sans même évoquer le peu de considération accordé chez nous à la littérature de genre, être à la fois français et amateur de polars peut devenir à la longue une expérience douce-amère. On se régale tantôt d'auteurs dont on apprécie autant le travail sur notre langue que des intrigues et une lecture du monde qui nous sont proches - pour rappel, le dernier Hervé Le Corre est excellent -, tantôt d'épais "page-turners" énormes par leur ambition et leur complexité... mais jamais des deux à la fois. Parce que la seconde catégorie est forcément américaine, plus ou moins bien traduite de surcroît. On ferait donc facilement son deuil de l'idée d'un méta-polar à la française.

Le remède à cette triste résignation tient en trois lettres : DOA, pour Dead On Arrival, hommage à un mythique film noir des années 50. C'est le pseudonyme d'un auteur lyonnais dont la Série Noire a sorti en mars 2015 puis octobre 2016 les deux volets de ce qui restera peut-être comme son magnum opus : Pukhtu (primo et secundo).