130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

En cours de lecture

Un arrière-goût de rouille, Philipp Meyer

J’ai déjà parlé du Fils, de Philipp Meyer, un succès critique et d’édition amplement mérité de l’année 2015. Car ce second roman était un vrai tour de force, narrant l’histoire du Texas de son intégration à l’Union jusqu'à aujourd’hui, au travers des destins de trois membres d’une dynastie de pionniers devenus magnats du pétrole. En comparaison, l’ambition du premier livre de l’auteur est resserrée : une unité de temps, de lieu et d’action pour suivre quelques jours décisifs dans la vie d’une poignée d’habitants de la Rust Belt à la fin des années 2000. Mais c’est bien la même capacité à saisir l’âme d’une région emblématique des Etats-Unis qui frappe dès l’ouverture d’Un arrière-goût de rouille (American rust en VO).

En cours de lecture

Pukhtu, DOA

Sans même évoquer le peu de considération accordé chez nous à la littérature de genre, être à la fois français et amateur de polars peut devenir à la longue une expérience douce-amère. On se régale tantôt d'auteurs dont on apprécie autant le travail sur notre langue que des intrigues et une lecture du monde qui nous sont proches - pour rappel, le dernier Hervé Le Corre est excellent -, tantôt d'épais "page-turners" énormes par leur ambition et leur complexité... mais jamais des deux à la fois. Parce que la seconde catégorie est forcément américaine, plus ou moins bien traduite de surcroît. On ferait donc facilement son deuil de l'idée d'un méta-polar à la française.

Le remède à cette triste résignation tient en trois lettres : DOA, pour Dead On Arrival, hommage à un mythique film noir des années 50. C'est le pseudonyme d'un auteur lyonnais dont la Série Noire a sorti en mars 2015 puis octobre 2016 les deux volets de ce qui restera peut-être comme son magnum opus : Pukhtu (primo et secundo).

En cours de lecture

Me voici, Jonathan Safran Foer

« Ce n’est pas ce dont il parle qui rend un livre juif – c’est que le livre est incapable de la fermer » a dit Philip Roth. Si c’est bien le cas, Me voici, de Jonathan Safran Foer, est indéniablement un roman juif, dont l’auteur s’impose comme l’un des plus dignes successeurs de celui de Portnoy et son complexe au firmament de la littérature américaine contemporaine.
Les volubiles 571 pages qui composent Me voici narrent sur quatre semaines – hors flashbacks et anticipations – le délitement accéléré du mariage de Julia et Jacob Bloch, jeunes quadragénaires habitant un quartier résidentiel cossu du Washington d’aujourd’hui. Dans le même temps, Sam, l’ainé de leurs trois fils, prépare son imminente bar-mitsvah en commettant un surprenant écart de conduite, alors que l’on attend l’arrivée des cousins israéliens des Bloch pour la célébration, et que le patriarche Isaac, survivant de l’Holocauste et grand-père de Jacob, mesure en solitaire les mérites respectifs d’une entrée longtemps différée en maison de retraite confessionnelle et d’un suicide.

En cours de lecture

Le Royaume, Emmanuel Carrère

Pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers du monsieur, Emmanuel Carrère est un écrivain français plusieurs fois adapté au cinéma (La classe de neige, L’adversaire, La moustache), qui s’accommode tant bien que mal d’être le fils d’Hélène Carrère d’Encausse – académicienne et historienne spécialiste de l’ex-URSS – et qui a choisi voici quelques années de parler de lui-même et de son héritage slave au travers de ses récits (Un roman russe, D’autres vies que la mienne, Limonov). Il a aussi beaucoup travaillé comme scénariste (Saison 1 des Revenants, sur Canal +).

Le Royaume n’échappe pas à ses habitudes récentes : en racontant le premier siècle de la religion chrétienne où s’est écrit le Nouveau Testament, il s’interroge sur le mystère de la foi et ce qui a permis de la transmettre d’une poignée de pêcheurs juifs sous-éduqués à environ un terrien sur quatre, et c’est soucieux d’évoquer le témoignage de vrais croyants qu’il finit par relater sa propre période mystique. Elle l’a vu brûler de l’enthousiasme jusqu’au-boutiste du néo-converti avant de revenir progressivement à une posture d’agnostique taraudé par la question.

En cours de lecture

Chanson douce, Leïla Slimani

Il est sans doute assez vain de recommander le seul roman de l’année qui soit assuré de se vendre tout seul, à savoir Chanson douce, de Leïla Slimani, Prix Goncourt 2016 et bientôt disponible au pied de tous les bons sapins. Reste qu’internet se prête bien à tout exercice d’une certaine vacuité, et qu’on parle ici d’un franchement bon bouquin.