130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Mes Petites morts, Frédéric Roux

On avait quitté Frédéric Roux en janvier dernier avec la parution de Desiree, opuscule nécessaire et courageux dans lequel il était question de celle par qui le scandale arriva voici bientôt 40 ans : la (très) jeune candidate au concours de Miss Black America dont le viol en 1991 causa la condamnation de Mike Tyson, alors vedette planétaire, à une (courte) période d’incarcération. En librairie depuis hier, Mes Petites morts confirme l’actuel intérêt de l’auteur pour les formats courts. Il y est cette fois question d’une collection de nouvelles dont le titre indique combien elles sont personnelles à l’auteur, sans bien savoir a priori s’il s’agit de renoncements, de points finaux ou de somnolences post-orgasmiques. Le cheminement sera tortueux et la satisfaction finale du lecteur proche de ce dernier cas de figure.

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Les Impardonnables, Cristina Campo

Décédée en 1977 à l’âge de 53 ans, Cristina Campo, originaire de Bologne, publia peu de ses écrits mais traduisit beaucoup ses écrivains « impardonnables », soit les auteurs français, allemands ou anglo-saxons qu’elle révérait. On donna leur surnom au présent recueil, paru – comme l’essentiel de son œuvre – à titre posthume. Affligée d’une malformation cardiaque, celle qui naquit Vittoria Guerini fréquenta autant le monde hospitalier que les scènes littéraires florentine et romaine. Dans Les Impardonnables, l’autrice signe de texte en texte une « profession d’incrédulité en l’omnipotence du visible ». Autrement dit, Cristina Campo croit en la grâce, qu’il lui importe de déceler où qu’elle se trouve, mettant toute son exigence stylistique et son érudition supérieure au service de cette recherche de la transcendance...

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Into the Void: From Birth to Black Sabbath ― And Beyond, Geezer Butler

Le 5 juillet dernier, tout ce que la planète compte de métalleux s’émouvait d’entendre la formation originale de Black Sabbath conclure une journée historique de concerts donnés en son honneur. Incapable de se lever de son trône noir de Prince of Darkness, Ozzy Osbourne donnait tout et plus au chant, et c’était déjà sublime. Il mourrait 17 jours plus tard. Bill Ward, à la ramasse aux fûts, bénéficiait de l’aide d’un Tony Iommi moins souverain qu’à son habitude sur sa Gibson SG pour garder le tempo. Seul à assumer ses cheveux blancs, Geezer Butler se singularisait aussi par la virtuosité inchangée avec laquelle il faisait vrombir sa basse aux couleurs d’Aston Villa, club résident du stade de Birmingham où se tenait ce Back to the Beginning, et qu’il supporte depuis les années 50. Le hasard a voulu que j’entame la lecture de son autobiographie le jour même où le Prince of Darkness rejoignit Lemmy Kilmister et Ronnie James Dio au valhalla des plus grands frontmen de l’histoire du metal. Autant dire que la nouvelle rendit caduque une partie de son contenu en même temps qu’elle le chargeait d’émotion...

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Ozzy Osbourne : diary of a sad fan

Le 5 juillet dernier, j’avais loupé l’occasion de saluer Black Sabbath et Ozzy Osbourne dans ce qui deviendrait d’après certains le concert de charité le plus rémunérateur dans l’histoire du rock n’roll, ou plutôt j’ai refusé de payer 2900 balles une place en carré or via les voies impénétrables du dynamic pricing. J’étais quand même en Angleterre, attablé dans un pub londonien, pour suivre l’essentiel de ce Back to the Beginning la veille d’un concert à Flinsbury Park où se produiraient plusieurs des groupes ayant présenté leurs hommages aux fondateurs du metal, Slayer en tête, auquel cette fois j’assisterais.

Le 7 juillet, rentré d’un week-end aussi marquant qu’éreintant, ma première réflexion – brumeuse – une fois embarqué dans l’Eurostar fut de me dire : « Après ça, il ne durera pas longtemps. »

Le 22 juillet, j’ai longuement parlé de Sabbath et Ozzy au cours d’une balade matinale le long de la côte basque. Je portais un T-shirt Never Say Die!, 8e album du groupe de Birmingham. L’après-midi, j’ai entamé l’autobiographie de Geezer Butler, bassiste du Sabb’ et ami de presque 60 ans du Prince of Darkness. À 20h30, j’ai appris la mort de ce dernier.

Aux vertus thérapeutiques qu’eut le fait de poster quotidiennement à propos d’Ozzy dans la foulée de cette disparition s’est vite ajouté un intérêt pédagogique : vu de France, peu sont ceux qui savent l’importance véritable d’Ozzy Osbourne en tant qu’artiste, non seulement pour l’œuvre qu’il laisse, mais aussi pour sa dimension d’icône pop en Angleterre et aux États-Unis ainsi que pour l’influence décisive qu’il eut sur la création et le développement d’un pan entier du rock n’roll, celui qui pousse ses amplis jusqu’à 11.

En voici la compilation.

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Les Tortues, Loys Masson

Un homme jamais nommé raconte sa vie de « vieil homme » âgé de cinquante-neuf ans : la face crevassée par la maladie, rescapé du naufrage de la Rose de Mahé, dont il est le seul survivant avec Bazire, il se tient désormais loin de tout rivage et vit solitaire, en complète harmonie avec ses – rares – voisins, la flore, et la faune. Exception faite des tortues, qu’il hait. Le mulâtre Bazire, lui, en est nostalgique. Deux fois l’an, ils évoquent leurs souvenirs en buvant du rhum. Dans les traits de son ancien camarade d’équipage aux lèvres inexistantes, le narrateur reconnaît d’ailleurs une tortue. Les deux ont-ils survécu pour se remémorer l’épisode maudit, ou bien pour s’entretuer ?...