130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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J'ai (pas) accusé... !

Voici environ trente ans, pour m’occuper pendant les cours d’école de commerce auxquels j’assistais peu, j’écrivais pour la feuille de chou des élèves ; on allait la photocopier dans les locaux d’une mutuelle étudiante partenaire avant de la vendre à 10 francs, ce qui nous payait des bières, des pizzas et parfois un nouveau Macintosh. S’il y était largement question de l’actualité festive, cuites et chopes en tout genre, on tentait à l’occasion d’aborder des sujets plus sérieux. Je me rappelle par exemple avoir proposé un décryptage des législatives de 1997 dont je suis à peu près certain qu’il fut lu par moins d’une douzaine de mes condisciples.

Et puis j’eus mon moment Pulitzer, enfin plutôt celui où j’aurais pu faire œuvre utile. Parmi les nombreuses associations étudiantes présentes sur le campus, certaines offraient des petits boulots, essentiellement des enquêtes téléphoniques commandées par des clients privés attirés par leur prix compétitif. C’était avant qu’internet eût révolutionné les études marketing. Les membres cooptés de ces « Junior Entreprises » assuraient la vente et la supervision des enquêtes dans le respect d’une loi spécifique de 1967...

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Sabb', c'est bien : les 19 albums studio de Black Sabbath

Black Sabbath, c’est un nom surgi du passé, vaguement sulfureux, qu’on associe beaucoup à un chanteur devenu vedette de télé réalité superbement gênante et prénommé Ozzy.

Ceux qui savent, savent. On parle surtout des inventeurs de la première grammaire complète du heavy metal, un album à leur nom sorti en 1970 qui assemble enfin toutes les pièces d’un puzzle issu du bouillonnement des deux années qui précédèrent : l’énervement cradingue expérimenté par les Beatles eux-mêmes sur Helter Skelter, les solos déments de Jimi Hendrix, le hard rock furieux des Londoniens de Led Zeppelin et Deep Purple, le son pachydermique des Américains de Blue Cheer et Iron Butterfly, l’occultisme assumé des rockeurs psychédéliques de Coven, etc. La fin des illusions des Sixties et la montée d’un pessimisme souverain sur fond de guerre du Vietnam et de menace nucléaire fit le reste. Si la jeunesse était désormais friande de films d’horreur, pourquoi ne pas lui proposer un rock n’roll du même tonneau ? Tel fut littéralement le pari gagnant du groupe....

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La Bonne nouvelle

La châtelaine Hermine de Larmencour a le style noble et bohème – nobo, en quelque sorte -, le verbe iconoclaste, la conduite sportive, l’agnosticisme résolu et le pragmatisme de ceux qui vivent mieux qu’ils ne sont nés. Car elle est ce que l’on appelle désormais une transfuge de classe, le dolorisme en moins, plus Nadine de Rothschild qu’Annie Ernaux. Lorsqu’elle apprend que la dépouille de son mari Paul a disparu du cimetière trois jours après l’enterrement, elle en déduit d’emblée une odieuse profanation plutôt qu’un miracle, quoi qu’en disent les habitants de ce coin de l’Allier dominé par la propriété familiale. Et puis elle savait Paul bien trop terrien et jouisseur pour ressusciter tel un être éthéré. « Hermine, je ne mourrai pas, mes passions me retiennent à la terre » clamait l’intéressé...

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Absalon, Absalon !, William Faulkner

« Quoi d’étonnant que le Ciel ait trouvé juste de nous laisser perdre ? »

William Faulkner, qui se disait « né en 1898 mais mort en 1865 », ne cherchait pas d’excuses au Sud pour sa défaite lors de la Guerre de Sécession, pas plus qu’il ne jugeait ce revers malheureux. Les mots qu’il met dans la bouche de Rosa Coldfield eussent pu être les siens. Le sentiment de l’auteur d’Absalon, Absalon ! à l’égard de sa terre natale n’aurait certes pu se réduire à une détestation pure et simple : il aurait tout aussi bien été capable de prononcer les ultimes phrases du roman, une réponse de Quentin Compson à son colocataire d’Harvard lui demandant pourquoi il hait le Sud : « Non. Non, je ne le hais pas ! Je ne le hais pas ! » S’évertuer à se comprendre sans se renier, telle aura été la boussole de Faulkner au fil de son œuvre de romancier et nouvelliste dont Absalon, Absalon ! constitue l’un des joyaux...

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Boxer comme Gratien, Didier Castino

Je dois ma découverte du nom de Gratien Tonna à un lieu que je détestais souverainement, la salle d’agrès du collège-lycée de garçons que je fréquentai jusqu’au début des années 90. Unique élément de décoration dans la pièce grise, haute de plafond et remplie d’appareils de torture diversement sophistiqués, une affiche « Valdés vs Tonna » ; je soupçonne le très baraqué Monsieur David, professeur de gym courtaud aux épais favoris qui aimait à brandir ses poings en proposant « Tu veux Starsky ou Hutch ? », d’être à l’origine de ce choix. Mon intérêt pour la boxe était déjà prononcé, c’est devenu une vraie marotte depuis bien longtemps, mais je devais concéder jusqu’il y a peu une connaissance limitée dudit Tonna, guère plus que le contenu sommaire de sa page Wikipedia. Voilà qui pourrait étonner quand on sait mon approche compulsive du sujet et le fait que ce boxeur tricolore ait détenu les titres national et européen des moyens avant d’affronter deux vrais cadors pour une ceinture mondiale, la légende argentine Carlos Monzon et donc le Colombien Rodrigo Valdés dessiné sur l’affiche évoquée plus haut. Le premier Français à combattre à Las Vegas, quoi. Il existe bien un mystère Gratien Tonna, une épaisse somme de non-dits qui a de quoi intriguer et que Didier Castino s’est employé à mettre au jour...