Voici environ trente ans, pour m’occuper pendant les cours d’école de commerce auxquels j’assistais peu, j’écrivais pour la feuille de chou des élèves ; on allait la photocopier dans les locaux d’une mutuelle étudiante partenaire avant de la vendre à 10 francs, ce qui nous payait des bières, des pizzas et parfois un nouveau Macintosh. S’il y était largement question de l’actualité festive, cuites et chopes en tout genre, on tentait à l’occasion d’aborder des sujets plus sérieux. Je me rappelle par exemple avoir proposé un décryptage des législatives de 1997 dont je suis à peu près certain qu’il fut lu par moins d’une douzaine de mes condisciples.
Et puis j’eus mon moment Pulitzer, enfin plutôt celui où j’aurais pu faire œuvre utile. Parmi les nombreuses associations étudiantes présentes sur le campus, certaines offraient des petits boulots, essentiellement des enquêtes téléphoniques commandées par des clients privés attirés par leur prix compétitif. C’était avant qu’internet eût révolutionné les études marketing. Les membres cooptés de ces « Junior Entreprises » assuraient la vente et la supervision des enquêtes dans le respect d’une loi spécifique de 1967...