130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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La Bonne nouvelle

La châtelaine Hermine de Larmencour a le style noble et bohème – nobo, en quelque sorte -, le verbe iconoclaste, la conduite sportive, l’agnosticisme résolu et le pragmatisme de ceux qui vivent mieux qu’ils ne sont nés. Car elle est ce que l’on appelle désormais une transfuge de classe, le dolorisme en moins, plus Nadine de Rothschild qu’Annie Ernaux. Lorsqu’elle apprend que la dépouille de son mari Paul a disparu du cimetière trois jours après l’enterrement, elle en déduit d’emblée une odieuse profanation plutôt qu’un miracle, quoi qu’en disent les habitants de ce coin de l’Allier dominé par la propriété familiale. Et puis elle savait Paul bien trop terrien et jouisseur pour ressusciter tel un être éthéré. « Hermine, je ne mourrai pas, mes passions me retiennent à la terre » clamait l’intéressé...

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Absalon, Absalon !, William Faulkner

« Quoi d’étonnant que le Ciel ait trouvé juste de nous laisser perdre ? »

William Faulkner, qui se disait « né en 1898 mais mort en 1865 », ne cherchait pas d’excuses au Sud pour sa défaite lors de la Guerre de Sécession, pas plus qu’il ne jugeait ce revers malheureux. Les mots qu’il met dans la bouche de Rosa Coldfield eussent pu être les siens. Le sentiment de l’auteur d’Absalon, Absalon ! à l’égard de sa terre natale n’aurait certes pu se réduire à une détestation pure et simple : il aurait tout aussi bien été capable de prononcer les ultimes phrases du roman, une réponse de Quentin Compson à son colocataire d’Harvard lui demandant pourquoi il hait le Sud : « Non. Non, je ne le hais pas ! Je ne le hais pas ! » S’évertuer à se comprendre sans se renier, telle aura été la boussole de Faulkner au fil de son œuvre de romancier et nouvelliste dont Absalon, Absalon ! constitue l’un des joyaux...

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Boxer comme Gratien, Didier Castino

Je dois ma découverte du nom de Gratien Tonna à un lieu que je détestais souverainement, la salle d’agrès du collège-lycée de garçons que je fréquentai jusqu’au début des années 90. Unique élément de décoration dans la pièce grise, haute de plafond et remplie d’appareils de torture diversement sophistiqués, une affiche « Valdés vs Tonna » ; je soupçonne le très baraqué Monsieur David, professeur de gym courtaud aux épais favoris qui aimait à brandir ses poings en proposant « Tu veux Starsky ou Hutch ? », d’être à l’origine de ce choix. Mon intérêt pour la boxe était déjà prononcé, c’est devenu une vraie marotte depuis bien longtemps, mais je devais concéder jusqu’il y a peu une connaissance limitée dudit Tonna, guère plus que le contenu sommaire de sa page Wikipedia. Voilà qui pourrait étonner quand on sait mon approche compulsive du sujet et le fait que ce boxeur tricolore ait détenu les titres national et européen des moyens avant d’affronter deux vrais cadors pour une ceinture mondiale, la légende argentine Carlos Monzon et donc le Colombien Rodrigo Valdés dessiné sur l’affiche évoquée plus haut. Le premier Français à combattre à Las Vegas, quoi. Il existe bien un mystère Gratien Tonna, une épaisse somme de non-dits qui a de quoi intriguer et que Didier Castino s’est employé à mettre au jour...

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Nein, Nein, Nein !, La dépression, les tourments de l'âme et la Shoah en autocar, Jerry Stahl

Journaliste, scénariste et ex toxicomane — il a d’ailleurs brièvement contribué à la série Alf alors qu’il était sous héroïne — issu d’une longue lignée de suicidaires, Jerry Stahl explique en introduction comment lui est venue l’idée d’aller découvrir Auschwitz en 2016 via les services d’un voyagiste : « Pourquoi rester dans ce pays, à écouter geindre de simples néonazis genre les Proud Boys, quand s’offrait la possibilité de remonter à la source, en Pologne et en Allemagne, pour voir de l’intérieur le fief des authentiques nazis du cru ? » C’est que le bougre, qui a aussi œuvré entre autres à l’écriture d’un polar délirant intitulé À poil en civil et d’une dizaine d’épisodes des Experts, n’aime pas beaucoup Donald Trump et son empreinte sur les États-Unis ; il ajoute qu’entre 2016 et 2021, lorsqu’il mettrait la dernière main à Nein, Nein, Nein !, l’orangé président aurait encore repoussé selon lui les limites de l’horripilant. Et puis revisiter le pire de l’Histoire l’aurait peut-être aidé à relativiser sa dépression inextinguible — et, dans le cas contraire, à pouvoir enfin l’étayer de motifs suffisamment solides — ainsi qu’à boucler le projet de série autobiographique commandé par ABC qui devait parler de son mariage heureux avec une jeunesse. Précisons que Stahl, en panne d’inspiration, serait bientôt divorcé une troisième fois...

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Pot-(pas) pourri printanier 2024

Vous l’aurez remarqué : pour des tas de raisons diversement bonnes, les longues recensions ne n’empilent plus sur le site, du moins pour le moment. Je poste malgré tout de loin en loin de plus courtes chroniques sur Instagram, dont celles de cinq lectures de ce début d’année qui eurent toutes en commun que leurs auteurs (ou l’éditeur français, dans le cas du plus mort des cinq) me les proposèrent en service presse, et que chacune recelait, fort heureusement pour moi, assez de bonnes surprises pour en parler en bien sans verser dans le copinage le plus vil. Voici par ordre chronologique de publication sur Insta les billets enrichis des incipits concernés à propos de :

  • Rendez-vous à la porte dorée d’Agathe Ruga
  • Los Muertos d’Eric Calatraba
  • Un moment de doute de Jim Nisbet
  • La maison de jeu de Charles Roux
  • Saturation de Thael Boost