130 livres

130 livres

Littérature, boxe anglaise et parfois les deux à la fois

Antoine Faure

Des chroniques de livres nouveaux ou anciens, essentiellement en littérature française ou américaine, et des émissions sur l'actualité et l'Histoire de la boxe anglaise. NB : les sujets sur la boxe sont regroupés en Saison 1, les sujets "Divers" en Saison 2. Textes disponibles sur www.130livres.com

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Into the Void: From Birth to Black Sabbath ― And Beyond, Geezer Butler

Le 5 juillet dernier, tout ce que la planète compte de métalleux s’émouvait d’entendre la formation originale de Black Sabbath conclure une journée historique de concerts donnés en son honneur. Incapable de se lever de son trône noir de Prince of Darkness, Ozzy Osbourne donnait tout et plus au chant, et c’était déjà sublime. Il mourrait 17 jours plus tard. Bill Ward, à la ramasse aux fûts, bénéficiait de l’aide d’un Tony Iommi moins souverain qu’à son habitude sur sa Gibson SG pour garder le tempo. Seul à assumer ses cheveux blancs, Geezer Butler se singularisait aussi par la virtuosité inchangée avec laquelle il faisait vrombir sa basse aux couleurs d’Aston Villa, club résident du stade de Birmingham où se tenait ce Back to the Beginning, et qu’il supporte depuis les années 50. Le hasard a voulu que j’entame la lecture de son autobiographie le jour même où le Prince of Darkness rejoignit Lemmy Kilmister et Ronnie James Dio au valhalla des plus grands frontmen de l’histoire du metal. Autant dire que la nouvelle rendit caduque une partie de son contenu en même temps qu’elle le chargeait d’émotion...

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Ozzy Osbourne : diary of a sad fan

Le 5 juillet dernier, j’avais loupé l’occasion de saluer Black Sabbath et Ozzy Osbourne dans ce qui deviendrait d’après certains le concert de charité le plus rémunérateur dans l’histoire du rock n’roll, ou plutôt j’ai refusé de payer 2900 balles une place en carré or via les voies impénétrables du dynamic pricing. J’étais quand même en Angleterre, attablé dans un pub londonien, pour suivre l’essentiel de ce Back to the Beginning la veille d’un concert à Flinsbury Park où se produiraient plusieurs des groupes ayant présenté leurs hommages aux fondateurs du metal, Slayer en tête, auquel cette fois j’assisterais.

Le 7 juillet, rentré d’un week-end aussi marquant qu’éreintant, ma première réflexion – brumeuse – une fois embarqué dans l’Eurostar fut de me dire : « Après ça, il ne durera pas longtemps. »

Le 22 juillet, j’ai longuement parlé de Sabbath et Ozzy au cours d’une balade matinale le long de la côte basque. Je portais un T-shirt Never Say Die!, 8e album du groupe de Birmingham. L’après-midi, j’ai entamé l’autobiographie de Geezer Butler, bassiste du Sabb’ et ami de presque 60 ans du Prince of Darkness. À 20h30, j’ai appris la mort de ce dernier.

Aux vertus thérapeutiques qu’eut le fait de poster quotidiennement à propos d’Ozzy dans la foulée de cette disparition s’est vite ajouté un intérêt pédagogique : vu de France, peu sont ceux qui savent l’importance véritable d’Ozzy Osbourne en tant qu’artiste, non seulement pour l’œuvre qu’il laisse, mais aussi pour sa dimension d’icône pop en Angleterre et aux États-Unis ainsi que pour l’influence décisive qu’il eut sur la création et le développement d’un pan entier du rock n’roll, celui qui pousse ses amplis jusqu’à 11.

En voici la compilation.

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Les Tortues, Loys Masson

Un homme jamais nommé raconte sa vie de « vieil homme » âgé de cinquante-neuf ans : la face crevassée par la maladie, rescapé du naufrage de la Rose de Mahé, dont il est le seul survivant avec Bazire, il se tient désormais loin de tout rivage et vit solitaire, en complète harmonie avec ses – rares – voisins, la flore, et la faune. Exception faite des tortues, qu’il hait. Le mulâtre Bazire, lui, en est nostalgique. Deux fois l’an, ils évoquent leurs souvenirs en buvant du rhum. Dans les traits de son ancien camarade d’équipage aux lèvres inexistantes, le narrateur reconnaît d’ailleurs une tortue. Les deux ont-ils survécu pour se remémorer l’épisode maudit, ou bien pour s’entretuer ?...

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J'ai (pas) accusé... !

Voici environ trente ans, pour m’occuper pendant les cours d’école de commerce auxquels j’assistais peu, j’écrivais pour la feuille de chou des élèves ; on allait la photocopier dans les locaux d’une mutuelle étudiante partenaire avant de la vendre à 10 francs, ce qui nous payait des bières, des pizzas et parfois un nouveau Macintosh. S’il y était largement question de l’actualité festive, cuites et chopes en tout genre, on tentait à l’occasion d’aborder des sujets plus sérieux. Je me rappelle par exemple avoir proposé un décryptage des législatives de 1997 dont je suis à peu près certain qu’il fut lu par moins d’une douzaine de mes condisciples.

Et puis j’eus mon moment Pulitzer, enfin plutôt celui où j’aurais pu faire œuvre utile. Parmi les nombreuses associations étudiantes présentes sur le campus, certaines offraient des petits boulots, essentiellement des enquêtes téléphoniques commandées par des clients privés attirés par leur prix compétitif. C’était avant qu’internet eût révolutionné les études marketing. Les membres cooptés de ces « Junior Entreprises » assuraient la vente et la supervision des enquêtes dans le respect d’une loi spécifique de 1967...

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Sabb', c'est bien : les 19 albums studio de Black Sabbath

Black Sabbath, c’est un nom surgi du passé, vaguement sulfureux, qu’on associe beaucoup à un chanteur devenu vedette de télé réalité superbement gênante et prénommé Ozzy.

Ceux qui savent, savent. On parle surtout des inventeurs de la première grammaire complète du heavy metal, un album à leur nom sorti en 1970 qui assemble enfin toutes les pièces d’un puzzle issu du bouillonnement des deux années qui précédèrent : l’énervement cradingue expérimenté par les Beatles eux-mêmes sur Helter Skelter, les solos déments de Jimi Hendrix, le hard rock furieux des Londoniens de Led Zeppelin et Deep Purple, le son pachydermique des Américains de Blue Cheer et Iron Butterfly, l’occultisme assumé des rockeurs psychédéliques de Coven, etc. La fin des illusions des Sixties et la montée d’un pessimisme souverain sur fond de guerre du Vietnam et de menace nucléaire fit le reste. Si la jeunesse était désormais friande de films d’horreur, pourquoi ne pas lui proposer un rock n’roll du même tonneau ? Tel fut littéralement le pari gagnant du groupe....