Quiconque se remémore la scène du rat d’American Psycho peut concevoir que son auteur Bret Easton Ellis entretienne un rapport délicat avec le politiquement correct. Avec un roman publié tous les 7 à 8 ans depuis Moins que zéro, l’homme est tout sauf un graphomane. Qu’il ait expressément repris la plume pour fustiger l’état actuel du débat public outre-Atlantique, usant cette fois de la « non-fiction », dit son immense exaspération du moment. L’auteur s’affirme libéral au sens américain du terme, sans pour autant avoir voté à la dernière élection présidentielle, mais c’est à l’encontre des progressistes revendiqués que se concentre l’essentiel de ses griefs. Presque trois décennies après la charge atrabilaire de Philippe Muray contre la bien-pensance triomphante des années Mitterrand, le White de Bret Easton Ellis sonne comme une transposition de L’empire du bien à l’Amérique côtière au temps de Twitter, de l’administration Trump, et de l’adaptation d’American Psycho en comédie musicale (!).