Et voilà, ça n’a pas manqué : après deux samedis de boxe illuminés par des têtes d’affiche à la hauteur des espérances, Spence vs Porter et Golovkin vs Derevyanchenko, conclus sur des décisions serrées, ce qui concentre l’essentiel des réactions est le débat sur les pointages des juges. Ils auraient lésé les outsiders vaincus Porter et Derevyanchenko, pourtant auteurs de performances de choix, victimes de sombres manipulations ourdies en coulisses par les grands argentiers du noble art que sont les promoteurs et diffuseurs de ces matchs. Désormais, le phénomène se répète peu ou prou à chaque combat vedette qui va jusqu’à la décision, occultant les discussions sur la qualité des combats eux-mêmes, les performances des protagonistes, et l’avenir qui leur est promis.
Alors oui, pour parler poliment, l’Histoire de la boxe n’est pas exempte de scandales. Et internet, caisse de résonnance idéale de la moindre théorie complotiste, se prête bien aux controverses sur les pointages. La toile permet à chacun de réagir dans l’instant à la moindre contrariété, dans l’illusion que sa propre voix fera avancer le schmilblick, et que le véritable résultat d’un combat serait issu d’une sorte de vaste sondage en ligne mêlant l’opinion des médias spécialisés (dans un esprit assez proche des newspaper decisions d’antan) et celle des millions de fans de boxe à travers le monde. Autrement dit, les règles de The Voice ou la Nouvelle Star appliquées au plus beau des sports. Au secours...