L’apophtegme ne tardera pas à se vérifier, ici et maintenant : le cul est une valeur refuge. Enfant de la Grande Dépression, Jack Andersen le ressent très violemment et très tôt, à défaut de le comprendre tout à fait. Dans son monde de privations, l’extraordinaire alchimie qui lui fait si souvent hisser le pavillon, bien qu’encore garçonnet, ne lui coûte pas un rond. Autant dire que rien ne viendra modérer son attrait précoce pour le radada. Au travers de la libidineuse montée en graine de Jack, Earl Thompson dit toute l’animalité de la vie des laissés-pour-compte de l’Amérique des années 30, dans un bouquin en tout point conforme à la collection des grands animaux de Monsieur Toussaint Louverture : un monde ample, riche et vivant concentré en 752 pages d’une traduction magistrale… Pour ne rien dire de la beauté de l’objet lui-même.