À dix ans, on gamberge, et le narrateur de Tigres à la dérive sans doute un peu plus que les autres. Son père, patron d’un dojo zen installé sur les bords de Loire, est décédé d’un cancer foudroyant. Sa mère Véra l’entraîne dans le Buenos Aires de ce début d’années 90 afin d’y retrouver Eduardo, son nouveau compagnon, un fameux numéro porté sur la poudre d’escampette, toujours à la poursuite de « femmes, maîtres zen ou les deux ». Ancien disciple du père du gamin, cet Eduardo qualifie le travail de préoccupation bourgeoise ; c’est le cas d’à peu près tout ce qui le contrarie. Pour survivre à ses angoisses, Véra s’accroche à lui comme à la philosophie bouddhiste, avec un discernement approximatif d’adorable paumée, mais reste férocement déterminée à assurer le bien-être de son gamin. Il est hélàs difficile de s’établir durablement à la capitale aux prémices d’une crise économique qui suit la chute de la dictature militaire : Véra et son fils iront poursuivre leur cure d’Argentine dans la douce Rosario chez la soeur d’Eduardo.