J'ai choisi Marvin Hagler comme idole sportive parce que je ne lui ressemblais pas du tout. L'affaire a pris du temps : préadolescent, il me fascinait comme les méchants dans les films, je me rappelle ses photos patibulaires dans l'Équipe Magazine, crâne lustré et deltoïdes saillants, les images des combats d'une violence irréelle attrapées chez les voisins à décodeur Canal, pour tout dire l'aura d'invincibilité maléfique du personnage. Le 7 avril 1987 au matin, happé comme il se doit par le parfait storytelling du combat contre Ray Leonard, j'appris avec soulagement devant mon bol de Nesquick que le camp du bien avait fini par triompher, que le tyran sanguinaire était déchu de ses couronnes, que le gentil avait gagné. Exit la brute épaisse, et générique de fin.
Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre pourquoi j'aimais tant la boxe, et, à mesure que j'en appris sur son compte, pourquoi je révérais Marvin Hagler en particulier.