Tout fan de boxe obsessionnel qui lit la langue de Mike Tyson est familier de la rubrique « Best I’ve faced » sur la version en ligne de Ring Magazine, où d’anciennes gloires du noble art fabriquent le boxeur idéal à partir des attributs de leurs meilleurs adversaires. Ainsi, selon Julio Cesar Chavez, le vis-à-vis le plus redoutable aurait eu les jambes d’Hector Camacho, la défense de Pernell Whitaker et le punch d’Edwin Rosario. Le magazine déroge parfois à ses habitudes en rebaptisant sa rubrique « Best I’ve trained » pour questionner un entraîneur sur ce qu’eût été LE boxeur parfait constitué à partir de ses poulains. Entre Muhammad Ali et Ray Leonard, Dieu sait si Angelo Dundee contribua à façonner des combattants formidables à plus d’un égard. Or, dans ses réponses au magazine, un nom revint aussi souvent que les leurs, fût-ce à égalité dans certaines catégories : celui de Luis Rodriguez, qui combattit de 1956 à 1972 en professionnels. Lui qui se retira sur un palmarès de 107 victoires et 13 défaites est rarement mentionné ailleurs qu’en note de bas de page. On parle pourtant d’un boxeur dont Angelo Dundee plaçait le jab et la défense au niveau de ceux d’Ali et Leonard, jugeait la technique égale à celle de Sugar Ray et considérait les mains comme les plus rapides de toutes. Rien que ça.