Deux pépites d’un même auteur, qui causent de Noble Art et dont les couvertures reproduisent un dyptique – signé Didier Paquignon – d’une violence achevée, comme si les bouquins se mettaient sur la tronche : autant dire que L’Arbre vengeur a le sens de la mise en scène. C’est visuel, c’est du brutal, mais pas seulement. Entre Lève ton gauche !, roman manifestement inspiré de l’expérience pugilistique de Frédéric Roux, et Comptés debout, compilation des meilleures anecdotes recueillies par l’intéressé sur les plus grands champions de tous les temps, ça castagne aussi pour savoir qui dit la vérité. Car la boxe est une inépuisable pourvoyeuse d’histoires, qu’elles adviennent hors du ring ou entre les cordes, et ses plus grands spécialistes s’appliquent rarement à isoler les faits du mythe.
Peu importe, au fond, si ce qu’on rapporte de Willie Pep, Jack Johnson ou Muhammad Ali est bien arrivé ou pas : on y croit parce qu’ils sont différents. Parce que le commun des mortels ne comprendra jamais vraiment celui qui met les gants pour boxer ses semblables, souvent pour pas un rond. Il est extraordinaire, au sens premier du terme ; ainsi, il fascinera toujours, et l’on croira sans peine à son étrangeté. Lequel des deux livres en dit donc le plus sur ces gars-là, de l’oeuvre de fiction ancrée dans le réel, ou du recueil de citations plus ou moins bidonnées ?