Si L’homme de Kiev valut au Newyorkais Bernard Malamud le prix Pulitzer de la fiction en 1967 ainsi que le second de ses National Book Awards (après le recueil de nouvelles Le tonneau magique en 1959), c’est pour Le commis qu’il eut les honneurs de la liste des « 100 meilleurs romans publiés en langue anglaise depuis 1923 » établie en 2010 par le magazine Time. Il s’agit de son deuxième roman édité, ni le moins autobiographique – Malamud était le fils aîné d’un immigré juif de Russie devenue épicier à Brooklyn – ni le moins universel du lot, tant sa quasi unité de lieu, entre les quatre murs défraîchis d’un modeste commerce de proximité, et les préoccupations essentielles de ses personnages renvoient aisément le lecteur à son propre quotidien, aux sens le plus trivial et le plus noble du terme. C’est justement la faculté de Malamud à mêler le noble au trivial dans une langue dépouillée mais jamais morne qui rend Le commis à ce point fascinant.