Riche idée que celle de rééditer un livre majeur sur les vertiges du populisme en pleine campagne électorale : on la doit ici aux Éditions Séguier, sixième maison française en autant de livres de Robert Penn Warren que j’eus le grand plaisir de lire jusqu’à présent. Le cavalier de la nuit fut le premier roman de ce rare triple vainqueur d’un prix Pulitzer, je le rappelle à chaque billet, deux fois en poésie et une en fiction pour Tous les hommes du roi (abordé sur 130livres.com dans ses versions traduite et originale). Sept ans séparent la publication de ces deux oeuvres éminemment politiques et les correspondances entre elles, on le verra, sont légion. À découvrir un roman traitant de thèmes voisins après avoir lu le chef d’oeuvre de son auteur, le risque est réel sinon d’une déception, au moins de se sentir un tantinet blasé. Il n’en fut rien : si ce Cavalier de la nuit n’a pas tout à fait la densité extraordinaire de son prestigieux successeur, on y trouve déjà le mélange de maîtrise, de lyrisme et d’intelligence pure qui subjuguent à la lecture de Tous les hommes du roi.