Même quand il détaille les pires horreurs dont les humains se rendent coupables, le polar rassure. Il rend le mal lisible, confère une certaine logique à ses manifestations et décline la méthode pour le comprendre, sinon en venir à bout. Le genre est souvent pessimiste en diable, insistant sur l’insignifiance et la précarité des moyens que se donne la société pour vaincre les serpents qu’elle nourrit en son sein. Peu d’œuvres, cependant, sapent autant la confiance nourrie par le lecteur dans la lutte contre le crime que La promesse. Le roman naquit d’une œuvre de commande, le scénario d’un film intitulé Ça s’est passé en plein jour dans lequel jouèrent notamment le futur Auric Goldfinger, Gert Froebe, et la vedette française Michel Simon. Sorti en 1958, le long métrage était destiné à éveiller les consciences sur la fréquence croissante des meurtres d’enfants. Lorsqu’il fit un roman de son scénario, Friederich Dürrenmatt précise dans la postface qu’il orienta son travail différemment, s’attachant à la psyché de l’enquêteur Matthieu en tant que « personnage typique de notre vingtième siècle » plutôt qu’aux crimes eux-mêmes. C’est du roman plus que du scénario d’origine que fut inspiré The Pledge, réalisé en 2001 par Sean Penn, avec Jack Nicholson en alter ego de Matthieu.