À mesure qu’il découvre un auteur, le lecteur fidèle s’intéresse toujours plus à l’autoportrait qu’il recompose par bribes au fil de l’oeuvre romanesque. Le phénomène se vérifie d’autant plus aisément chez les aficionados de Philip Roth qu’ils disposent pour ce faire de la bagatelle de 26 romans, dont beaucoup mettent en scène de purs alter ego de l’écrivain. Le plus fameux est Nathan Zuckerman, romancier juif de Newark, New Jersey, qui partage avec Roth quantité d’obsessions et une causticité à la fois distante et rageuse, en plus de ses origine et profession. Il faut avoir lu quantité de bouquins du bonhomme pour s’apercevoir que La contrevie, qui met en scène le fameux Zuckerman, est sans doute l’un de ses plus personnels, si cette expression a un sens. Roth y utilise le truchement de son double fictionnel pour explorer un thème bien particulier : sa propre existence d’écrivain.