Ce n’est pas que j’aie honte de considérer la tournée des bistrots, même solitaire, comme une fin en soi. On est vendredi soir, après tout. C’est plutôt que l’occasion est exceptionnelle : me voilà lâché dans Bruxelles. À Montélimar, j’aurais écumé les fabriques de nougat. Ici, ce seront les points d’eau où coule la bière. L’après-midi, sur des conseils avisés, j’ai découvert une librairie digne de ce nom, perdue au milieu des vendeurs de pralines dans le clinquant du Passage royal Saint-Hubert – faut voir les vitrines de Pâques prêtes un 21 février pour comprendre l’enjeu que c’est, en ces contrées.
Bref : la librairie s’appelle Tropismes, et on y trouve quantité d’auteurs locaux. Dont un, Eric Neyrinck, que je connais de Facebook. Un escogriffe barbu en milieu de vie qui s’épanche à longueur de posts sur ses velléités d’écriture. Je ne sais pas pour vous, mais moi, je ne juge pas. Son bouquin s’appelle J’ai un projet : devenir fou. 121 pages au format journal de bord. De quoi faire la soirée, quoi. Banco : le livre sera mon camarade de virée. Double shoot de belgitude. Vrai risque qu’il me pousse la houpette de Tintin.