S’il fallait choisir un narrateur pour l’année 2020, je militerais avec ferveur en faveur de Jean Echenoz. L’homme ne tombe pas dans le premier panneau venu, on ne le sent pas non plus inflammable au moindre début de polémique, et il préfère promener un oeil amusé et curieux sur des détails pleins de sens à un étalage convenu de généralités d’usage. Bref, Echenoz travaille ici à distance, et risque, à cet égard, de s’aliéner un lectorat impatient qu’on lui colle le nez dans des passions – une attente dont on ne saurait certes contester la légitimité, mais il faudra alors changer de boutique.