Si André Dhôtel n’a jamais remporté la plus prestigieuse de nos récompenses littéraires, son œuvre abondante s’avère imprégnée d’un amour et d’une nostalgie inextinguibles pour un terroir ardennais dont il exalta la beauté et les secrets, très sensibles dans Le pays où l’on arrive jamais qui lui valut le Prix Fémina 1955. Exhumer l’un de ses premiers romans en 2023 est une initiative aussi originale qu’inspirée. Si David fut publié une première fois en 1948 aux Éditions de Minuit, il fut probablement écrit dans les années 30, alors que le professeur de lettres peinait à percer en tant que poète et romancier tout en enchaînant les affectations dans des coins de France qu’il prisait moins que Paris ou sa terre natale. L’auteur constitue ainsi un rare cas d’individu que l’éloignement des Ardennes aura contribué à rendre dépressif. Quel que fût l’état d’esprit d’André Dhôtel lorsqu’il l’écrivit, David est un texte qui échappe largement, tel son protagoniste éponyme, à la joie autant qu’à la tristesse, offrant à son lecteur d’accéder à un état bien particulier de la conscience et des humeurs de notre espèce.