La boxe n’est certes pas le sport qui inspire le moins les écrivains, et deux écoles se partagent le gros de la littérature pugilistique : celle de la mythologie, attachée au drame, à la symbolique, au lyrisme, à la métaphore et à l’hyperbole, et celle du réalisme, qui mise sur la précision et le dépouillement du style pour rendre compte du noble art. Elles sont également dignes d’intérêt. Pour sublimer l’effet que produit la boxe sur le psychisme de ses spectateurs, entre catharsis et fascination pure, la première ne s’interdit aucun procédé narratif. Alors que la seconde se méfie d’un plaquage d’archétypes et d’intrigues éprouvés qui ne se vérifient qu’une fois sur mille ; elle considère le matériau brut digne d’intérêt en l’état, et cherche à en livrer sobrement toute la complexité. W.C. Heinz fut correspondant de guerre et journaliste sportif avant d’être romancier : on comprend que son premier livre, bien qu’oeuvre de fiction, appartînt à cette dernière catégorie...